Le carburant, qui alimente les pompes agricoles, est indisponible depuis deux mois dans la zone des Niayes et le prix du sac de l’engrais explose en raison des tensions sur le marché mondial liées à la guerre en Ukraine. Une situation qui inquiète les producteurs agricoles qui invitent l’Etat à prendre des dispositions.
Par Ndèye Fatou NIANG (Correspondante) – C’est une alerte des producteurs maraîchers de la zone des Niayes. Les pénuries de carburant et d’engrais auront des conséquences néfastes sur la disponibilité des produits agricoles sur le marché. Inquiétant ! «Nous tirons la sonnette d’alarme. Le carburant et les intrants, notamment l’engrais, se font de plus en plus rares sur le marché. Et cela va entraîner des dangers dans le secteur de l’horticulture», s’alarme Vieux Bâ, lors d’un rassemblement à Diogo, une localité bastion des produits maraîchers.
«L’engrais manque sur le marché local. C’est une pénurie que nous avons constatée depuis quelque temps. Et c’est pourquoi le prix du sac a triplé, passant de 9000 à 35 000 francs Cfa», renseigne-t-il.
Que dire du carburant, indisponible sur le marché ? Il précise : «Depuis plus de deux mois, les Groupements d’intérêt économique (Gie), détenteurs des quotas de diesel et chargés d’alimenter les pompes agricoles, souffrent énormément de cette rupture. Si ces pompes sont à sec, il y a des risques réels que les cultures périssent. Si le diesel n’est pas disponible, c’est la disparition des produits maraîchers sur le marché.» Pis estime le producteur agricole, «cette situation aura comme conséquence, l’augmentation du taux de chômage». A ses yeux, «seule la continuité des activités agricoles qui enrôlent un nombre extrêmement important de bras peut garantir la pérennité de l’emploi des jeunes».
Surtout notera Vieux Bâ, «beaucoup de familles vont être réduites à la pauvreté. Parce que le secteur agricole est une chaîne des valeurs qui permet à beaucoup de sous-métiers d’en tirer des revenus». Ce n’est pas tout : «Cette pénurie risque aussi d’engendrer des pertes de plusieurs milliards de francs Cfa et les pauvres paysans ne parviendront pas à rembourser les dettes contractées auprès des institutions financières». Ainsi et d’inviter l’Etat à prendre des «mesures idoines», afin de protéger le monde agricole. Il ajoute : «Et de la même manière que l’Etat a pu subventionner les moteurs des piroguiers, à hauteur de 50%, il devrait pouvoir le faire pour le diesel en faveur des maraîchers. Egalement nous lui demandons de mettre à suffisance le diesel pour la continuité de nos activités.»
Pour l’engrais également, les producteurs maraîchers ont aussi demandé une subvention des prix. «On ne peut comprendre que les paysans du littoral, de la zone des Niayes, ne puissent pas disposer de subventions pour l’acquisition d’intrants comme les engrais», se sont-ils offusqués. Au-delà, les producteurs maraîchers ont vivement dénoncé le manque d’eau qui constitue, selon eux, l’élément-clé des activités économiques dans la zone.
Vieux Bâ renseigne : «Depuis l’implantation de certaines entreprises comme la Grande côte opérations (Gco), la nappe phréatique s’éloigne de plus en plus. Avant, avec une profondeur de 12 m, le producteur pouvait disposer d’assez d’eau pour ses activités maraîchères, mais aujourd’hui, il faut aller jusqu’à 20, voire 25 m. Ce qui crée la raréfaction de l’eau qui est indispensable pour nos activités.»