La campagne pour les élections locales du 23 janvier 2022 tire à sa fin. A trois jours de la fin, les états-majors politiques et les différents candidats amorcent la dernière ligne droite d’un scrutin très mouvementés avec des actes de violences notés dans presque tous les coins du pays. Et à quelques heures du dernier sprint, une partie de la presse s’est invitée dans le jeu politique. Son insertion dans ce combat donne des avantages inestimables aux candidats de la coalitions Benno Bokk Yakaar aux yeux du public.
Si certains ne respectent pas la presse c’est à cause d’agissements de certains de nos confrères. Tout ce qu’on reproche aux politiciens, on le retrouve chez certains journalistes. L’éthique et la déontologie sont désormais rangées au tiroir au profit de l’argent et de certains privilèges. Ce qui se passe dans cette campagne pour les locales le prouvent à suffisance. Les candidats de Benno Bokk Yakaar ont été tellement chouchoutés par la presse que beaucoup d’électeurs ont pensé qu’ils étaient les seuls à briguer les fauteuils de maires. Certains se sont même aventurés à déclarer Abdoulaye Diouf Sarr, maire de Dakar à l’issue des élections Locales.
« Abdoulaye Diouf Sarr est placé en tête des locales à Dakar avec 31,50 des voix. Il est suivi par Barthélémy Dias qui engrange 22,33. Soham El Wardini, la maire sortante est à 15,83%, Pape Diop, le leader de Bokk Gis Gis à 15,33. Mieux que Doudou Wade, candidat de la coalition Wallu qui totalise 10, 16% des votes. Mame Mbaye Niang est bien loin derrière avec 4,83% des voix des Dakarois », lisait-on dans « Lii Quotidien » du lundi dernier. Un sondage tendancieux qui va en l’encontre des règles. L’une des premières notions en journalisme, c’est la neutralité. Quand des journalistes prennent partie de manière flagrante alors les choses deviennent problématiques.
Pourtant il y a bien une loi qui encadre les sondages au Sénégal, il s’agit de la loi du 14 avril 1986. Le texte interdit à son article 20 la publication de sondage en période préélectorale. « La publication ou la diffusion de tout sondage d’opinion ayant un rapport direct ou indirect avec un référendum ou une élection réglementée par le code électoral est interdite à compter de la date de publication au journal officiel du décret portant convocation du corps électoral jusqu’à la publication définitive des résultats du scrutin. » Une loi que la presse a bafouée tout au long de la campagne pour les locales .
Les journalistes commencent à être accoutumés des faits. Lors des législatives de 2017, une certaine presse a été utilisée pour annoncer la victoire de Benno à Dakar. Lors de la Présidentielle de 2019, c’était le même scénario. Certains médias avaient annoncé, dès 20 h, la victoire de Macky Sall. Alors les sénégalais ne seraient pas surpris si cette même presse déclare les candidats de la mouvance présidentielle vainqueurs aux Locales du 23 janvier 2022. Aucun sondage ne devrait influencer le vote des sénégalais. Au jour du scrutin, l’électeur sera seul et décidera de son destin comme un grand.
Si la coalition Benno Bokk Yakaar pense qu’elle écrasera ces adversaires de l’opposition lors des loocales, en un claquement de doigt, elle se trompe lourdement. Le dernier mot reviendra aux électeurs. Alors la presse sénégalaise devrait revenir aux règles d’éthique et déontologie. Elle ne devrait pas bafouer son rôle de « chien de garde » aux profits de certains hommes politiques.