La salle de conférence de l’hôpital de Yeumbeul a abrité ce, mercredi, l’atelier de formation de 25 jeunes sur les lois liées aux violences basées sur le genre. Cette initiative du Réseau des Jeunes pour la Promotion de l’Abandon des Mutilations génitales féminines et des marriages d’enfants va permettre de renforcer les connaissances des femmes, filles et des personnes à mobilité réduite sur le cadre juridique de protection contre les violences basées sur le genre (VBG) et les dispositions discriminatoires. Il s’agit d’un programme qui a pu se faire grâce au financement de Speak up Africa par l’entremise des fonds de Voix essentielles.
L’élimination des Violences Basées sur le Genre (VBG) demeure l’un des défis les plus importants au Sénégal malgré les efforts visant à protéger les filles et les femmes contre toutes formes d’abus et de violences. La plupart des recherches effectuées dans ce sens ont montré que près de 50 % des violences sexuelles sont commises sur des filles de moins de 16 ans et 60 % sur celles de 18 ans, selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes à travers la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains.
Selon l’Enquête Démographique de Santé (EDS) continue de 2019, les variations selon le milieu de résidence montrent qu’au Sénégal, le pourcentage de femmes de 15-49 ans qui ont subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans est légèrement plus élevé en milieu rural (27,8 %) qu’en milieu urbain (25,1 %). Conscients de cette situation, le Réseau des jeunes pour la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines et des mariages d’enfants a tenu un atelier de formation sur les lois liées aux violences basées sur le genre même si le Sénégal a connu des avancées considérables en matière de promotion des droits des femmes/filles et de l’égalité des sexes, du genre et l’exercice des droits humains.
En effet, l’Etat, conscient de l’enjeu du rôle de la femme dans l’atteinte des objectifs de développement du pays, a ratifié sans réserve toutes les conventions internationales en faveur des femmes.
Toutefois, malgré la volonté affichée, l’égalité des sexes et du genre n’est toujours pas aussi effective, car sur le plan juridique de nombreuses lacunes subsistent encore. Certaines discriminations sont toujours conservées au niveau de certaines dispositions juridiques à l’exemple du code de la famille en ses articles : 111 sur l’âge du mariage et 196 sur le refus de paternité.
Aussi, il est noté des insuffisances sur l’effectivité de certaines lois notamment la loi 99-05 relative à l’abandon de l’excision. Cela est accentué par le fait que bon nombre de ces lois ou dispositions discriminatoires sont méconnues par la majorité de la population. Cette méconnaissance est souvent due au faible niveau d’alphabétisation mais aussi à la difficulté de l’accès à l’information.
Cette situation montre qu’il est urgent de mettre en œuvre des stratégies pour remédier à cette incohérence législative entre le cadre juridique national et celui ratifié par l’Etat. Pour ce faire, il est important voire essentiel d’impliquer la population en l’occurrence les jeunes femmes et filles dans ce processus d’harmonisation des conventions internationales ratifiées par nos Etats, au cadre juridique national sénégalais.
Avec cette rencontre, les participants (es) auront une meilleure connaissance des lois liées aux VBG, dispositions discriminatoires et à l’égalité des chances ; ils disposeront d’outils techniques pour pouvoir mener des actions de dénonciations en cas de violation de leurs droits ou ceux de leurs pairs ; ils auront également une compréhension claire des droits, rôles et responsabilités dans la lutte contre les VBG et connaisseront les techniques et outils de vulgarisation et peuvent communiquer sur les lois auprès de leurs pairs.
Rappelons que cet atelier de formation s’inscrit dans le cadre du projet « Initiatives des jeunes pour la vulgarisation des lois sur les violences basées sur le genre (VBG) et l’amélioration des dispositifs discriminatoires à l’égard des femmes, des filles et des personnes à mobilité réduite dans le département de Keur Massar, financé par Speak Up Africa à travers le fonds Voix Essentielles.
PMF