La Directrice exécutive de l’Onusida a soutenu qu’il est aujourd’hui possible de mettre fin à la pandémie du VIH/Sida dans les pays de la région africaine de l’Ouest et du Centre. Winifred Karagwa Byanyima s’exprimait à la clôture, mardi soir, au Centre international de Conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad), du Sommet sur le VIH/Sida en Afrique de l’Ouest et du Centre.
La directrice de l’ONUSIDA a notamment donné en exemple la Suisse, un pays développé. Elle a surtout insisté sur l’Eswatini, un petit pays en développement avec une prévalence très élevé de l’ordre de 27%, mais qui a réussi la « prouesse de dépasser les objectifs assignés par l’ONUSIDA ». « Ces deux pays ont réussi le tour de force de dépasser les objectifs de dépistage, de traitement et d’élimination de la charge virale chez les personnes vivant avec le VIH en atteignant un taux de 94% », a-t-elle expliqué.
Si l’Eswatini est arrivé à réaliser l’objectif de l’Onusida (90%) et de le dépasser tous les pays africains peuvent le faire, a dit Winnie Byanyima devant le Chef de l’Etat Macky Sall venu présider la clôture de cette rencontre de trois jours. Pour la Directrice exécutive de l’Onusida, « la Covid-19 a interrompu le dépistage, la prévention, les services de traitement du VIH mais face à cette période difficile, le moment est venu pour une action courageuse pour aller vers la fin du VIH, vaincre la Covid-19 et renforcer la résilience pour arrêter les pandémies à l’avenir ».
Elle a donné « des exemples de bonne réussite comme le Sénégal qui a presque triplé la couverture pour les femmes enceintes depuis 2010, la Côte d’Ivoire a réduit les nouvelles infections de 72% dans la même période, le Cap Vert a éliminé la transmission mère-enfant et le Cameroun a supprimé les frais d’utilisation des services santé ».
« Les programmes financés par les Etats et appuyés par les partenaires montrent les innovations qui doivent devenir des politiques au niveau régional si nous voulons vaincre le VIH », a-t-elle souligné. Il s’agit également pour aller vers cet objectif d’élimination de « faire preuve de vigilance et d’engagement, apprendre des leçons de bonnes pratiques, donner aux communautés les ressources et l’espace qui leur permet de prendre la direction des opérations », a-t-elle encore plaidé.
En effet, selon la directrice exécutive de l’ONUSIDA, « il est prouvé que la réponse au Sida est plus efficace lorsque les organisations communautaires fournissent des services dans le cadre de la riposte ». La conférence a lancé un appel pour supprimer les obstacles juridiques, politiques et programmatiques qui freinent cette action et pour augmenter le soutien financier afin de libérer le pouvoir des organisations locales afin d’aider à mettre fin aux décès dus au VIH/Sida. « Il est urgent d’agir pour mettre fin au VIH parce que les progrès qui ont pris du retard en Afrique de l’Ouest et du Centre risquent d’être remis en cause par la pandémie de Covid-19 », a-t-elle ajouté.
« La réussite est au bout si nous mettons les communautés au centre du dispositif dans toutes nos actions de riposte », a souligné également le Directeur de Enda Santé, un des organisateurs du Sommet. Le Forum a réuni les différentes parties prenantes au niveau de la région et des pays dans le but de converger vers des objectifs communs, de se l’approprier pour renforcer la réponse, a expliqué Daouda Diouf.
Un sommet, a-t-il relevé, qui a su « redynamiser l’engagement des acteurs avec des indications claires sur les étapes nécessaires pour des réponses innovantes pour les pandémies actuelles et à venir ». L’année dernière, 22% des décès liés au VIH ont lieu en Afrique qui n’abrite pourtant que 8% de la population mondiale soit 150 000 décès. Chaque année près de 1000 adolescentes et jeunes femmes sont infectées par le VIH et sur 5,2 millions de personnes qui vivent avec le VIH, 1,2 millions attendent un traitement antirétroviral, selon les chiffres mises à disposition au cours du Sommet. Seuls 35% des enfants vivant avec le VIH reçoivent un traitement.