Située, comme son nom l’indique, dans la zone des Mamelles, aux Almadies, la cité Ipres Almadies avait été «vendue» à ses acquéreurs comme un monde à part dans Dakar, où tous les services seraient à portée. Malheureusement, depuis plus de deux ans qu’ils y habitent, les membres du collectif des résidents ne voient pas en œuvre l’assainissement promis. Et de plus, les équipements collectifs sont la proie des spéculateurs fonciers. Tout cela, sous le regard indifférent de l’Ipres et du service des Domaines.
Il n’y a rien de plus énervant que de se sentir traiter comme un jouet, alors que l’on revendique ses propres droits. C’est le sentiment que nourrissent à l’égard de l’Ipres et la Direction des domaines, les acquéreurs des terrains de la cité Ipres Almadies, un site vendu à prix d’or par l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal, parce qu’elle le présentait comme un futur havre de calme, luxe et volupté. A l’arrivée, depuis plus de deux ans, les membres de l’Association des résidents de la cité Ipres Almadies Socabeg (Recipalms), se battent pour la réalisation de leurs droits, mis en veilleuse par ces deux institutions publiques. Ces personnes ont payé rubis sur l’ongle des terrains que leur client, l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal, à travers son contractant, la Socabeg, devait aménager.
Le plan de masse des terrains immatriculés TF1647, 1646 et 1640/NGA, délimite de manière claire les espaces d’habitation et ceux réservés aux équipements collectifs tels que les jardins publics, les lieux de culte, les écoles, centres commerciaux et autres espaces verts. Le vendeur, l’Ipres, devait, avec le concours de la Socabeg son sous-traitant, aménager ces équipements collectifs, en plus de s’atteler, selon les termes du contrat qui le lie aux acquéreurs, à la construction d’un système d’évacuation des eaux, et au tout-à-l’égout.
Avec enthousiasme, beaucoup d’acquéreurs se sont rués sur ces terrains, dont le prix était loin d’être donné, avec l’idée de vivre dans un avenir proche, dans un environnement bien différent de ce que le commun des Sénégalais a l’habitude de voir, dans nos quartiers au lotissement inachevé. Mais les membres de l’Association commencent à être saisis de désenchantement.
Le système d’évacuation et le tout-à-l’égout n’ont toujours pas vu le jour, les délais du maître d’œuvre étant largement dépassés. En dépit d’une apparente bonne volonté de faire avancer les choses, le directeur de l’Ipres, M. Lamine Dieng, semble saisi d’une certaine paralysie pour passer à l’action. Saisi par Le Quotidien, il avait déclaré s’être d’abord attelé à la sécurisation des espaces dédiés aux équipements collectifs, avant de commencer la mise en place d’un système d’évacuation des eaux.
Lamine Dieng a fait valoir que cette situation lui a été léguée par son prédécesseur, et qu’il cherchait à la résoudre au mieux. Il a souligné avoir saisi le directeur des Domaines par courrier, pour trouver une solution définitive au morcellement sauvage des espaces publics.
En attendant ladite solution, les habitants du lotissement Ipres Almadies ne vivent pas un hivernage paisible. Pour une cité qui devait être, dès sa livraison, un cadre de verdure et d’ordre dans son aménagement, ses habitants sont en proie à des flaques immenses héritées des pluies, faute de voies d’évacuation, sans parler des voies inondées et des routes boueuses, qui ne se différencient de certaines zones de Dakar que par leur ampleur. Et là, on ne parle que des problèmes les plus visibles à l’œil. Car le morcellement des espaces collectifs, pour des usages d’habitation, se poursuivent dans la zone, au grand dam des riverains, qui ne savent plus à quel saint se vouer.
L’autre protagoniste de l’affaire, le directeur des Domaines, Mame Boye Diao, se dit également conscient des difficultés que vivent les membres du Recipalms, mais, comme son partenaire de l’Ipres, semble vouloir se hâter lentement à les résoudre. Il reconnaît que ses services ont empiété sur les espaces collectifs dans la cité, mais précise que cela s’est fait sous le magistère de son prédécesseur. Il a néanmoins excipé des rapports particuliers qu’il entretient avec le nouveau Dg de l’Ipres, pour indiquer la bonne volonté de toutes les parties à aplanir les difficultés, pour enfin, livrer aux habitants de la cité Ipres Almadies, un cadre de vie conforme à leurs attentes.
Cependant, les arguments des deux partenaires ne semblent pas emporter la conviction des habitants de la cité, et en particulier de ceux du Recipalms. Sur l’argument des questions héritées d’une gestion passée, ils font valoir la force de la continuité du service public, qui fait que ces deux hauts fonctionnaires sont aussi comptables de la situation que leurs prédécesseurs.
De plus, quand Lamine Dieng semble s’être donné pour priorité la sécurisation de l’assiette foncière, les membres du Recipalms font remarquer que l’assainissement n’est pas une question moins importante, et qu’elle aurait dû être réglée depuis longtemps, surtout qu’elle n’est en rien liée aux découpages sauvages qui continuent de s’opérer dans la zone.
L’une des choses qui font le plus mal au collectif des résidents de la cité, c’est la désinvolture avec laquelle semblent les traiter les autorités aussi bien de l’Ipres que du service des Domaines. Ils disent avoir adressé plusieurs courriers, «à tous les services concernés, sur la situation des morcellements des espaces réservés», sans avoir jamais reçu ne serait-ce qu’un accusé de réception. Encore plus frustrant, le Dg de l’Ipres, l’institution qui leur a vendu les terrains et qui est chargée de l’aménagement, ne daigne même pas recevoir les représentants des habitants. Mais, indiquent ces derniers, cela ne les empêchera pas de vouloir continuer à se battre pour défendre leurs droits.
Le Quotidien tient à signaler qu’en début du mois de septembre, quand il était entré en contact avec le Dg de l’Ipres, M. Lamine Dieng avait communiqué avec nous depuis son lit d’hôpital. On espère qu’il a dû se rétablir depuis.
« Le Quotidien »