Le Sénégal président la Conférence des postes des États de l’Afrique de l’Ouest (Cpeao), pour un mandat de quatre ans. Cette une structure sous-régionale qui réunit les 15 (quinze) États membres de la Cedeao, a pour mission de définir une politique harmonisée pour le développement du secteur postal des pays adhérents. Dans cette interview, Abdoul Ly, Directeur général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) salue le choix du Sénégal qui, précise-t-il, est l’aboutissement d’un long processus.
Le Sénégal a été élu, le 11 août à Abidjan, à la tête du Secrétariat exécutif de la Conférence des postes des États de l’Afrique de l’Ouest (Cpeao). Qu’est-ce que cela représente ?
Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à tous les sujets liés à la régulation des activités postales, sujets auxquels je suis particulièrement attaché depuis ma nomination à l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), le 24 juin 2019. La Conférence des postes des États de l’Afrique de l’Ouest (Cpeao) est un organe qui dérive de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dont la mission consiste principalement à définir au sein de ses 15 États membres une politique harmonisée pour le développement du secteur postal.
Le choix du Sénégal, acté le 11 août, pour diriger la Cpeao, constitue un grand honneur pour notre pays dont le secteur postal, nonobstant les difficultés, se maintient et est porteur d’espoir. C’est d’ailleurs -je le pense- cette image positive du dynamisme de notre secteur postal qui a légitimé cette élection.
Le choix d’un régulateur, pour la première fois de l’histoire, montre à suffisance, la place de ce dernier dans le développement du secteur postal, en sa qualité de garant de l’équilibre des marchés et de leur harmonie. Un régulateur en tant que Secrétaire exécutif mettra à profit sa vue large et transversale du marché pour préconiser, sans doute, une interopérabilité entre opérateurs désignés (publics) et les titulaires de licences (opérateurs privés) pour un développement harmonieux du secteur fondé sur l’innovation, l’inclusion, l’intégration et l’investissement, tout en préconisant le partage et la mutualisation des infrastructures avec des partenariats gagnant-gagnants, au bénéfice de toutes les parties prenantes.
Quel a été le degré d’implication de l’Autorité de régulation en faveur du candidat du Sénégal ?
Permettez-moi d’abord de féliciter mon collaborateur Adama Diouf pour sa victoire sur le candidat guinéen que nous encourageons. Cette élection vient conforter notre institution sur l’année 2021 qui aura été marquée par de grands évènements internationaux que l’Artp a su brillamment organiser. De la Présidence du Fratel assurée par le Directeur général de l’Artp à l’élection du Secrétaire exécutif de la Cpeao, cette élection est l’aboutissement d’un processus qui a démarré depuis longtemps. Nous avons promu, encouragé et soutenu notre candidature. L’élection était prévue à Conakry, il y a quelques mois. À cette occasion, nous avions sensibilisé nos homologues et l’ensemble des États membres pour que triomphe cette candidature. Nous avions demandé à un de nos collaborateurs qui a de l’entregent de l’accompagner pour battre campagne.
Il en est de même pour notre participation au Congrès de l’Union postale universelle (Upu), où une forte délégation composée de cadres de l’Artp a soutenu la candidature sénégalaise en la personne de Adama Diouf. Ce succès obtenu à Abidjan est donc le fruit d’un long accompagnement de la part du régulateur.
Je remercie tous les membres de la délégation sénégalaise avec notamment le Ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications, Yankhoba Diatara, et le Directeur général de la société nationale «La Poste», Abdoulaye Bibi Baldé, pour leur soutien et accompagnement dans cette élection. C’est le Sénégal qui gagne.
Quelles sont les retombées attendues sur le plan institutionnel et diplomatique pour le Sénégal ?
Concernant les retombées, cette élection va sans nul doute booster le secteur postal qui est à la croisée des chemins avec la baisse des volumes du courrier classique, le développement du numérique et le commerce électronique, entre autres. La touche du régulateur qui a une conception très large des marchés postaux, va contribuer favorablement au déploiement de certains leviers et mécanismes de régulation pour un marché postal dynamique assis sur une législation qui, nous le souhaitons, sera harmonisée en Afrique de l’Ouest à l’image du secteur des télécommunications.
Au niveau diplomatique, l’élection d’un Sénégalais à la tête de la Cpeao ne fait que renforcer et consolider le rayonnement de notre pays au plan international.
Dans la modernisation du secteur postal, la digitalisation des métiers est devenue incontournable. Où en est le Sénégal ?
Au Sénégal, la Lettre de politique sectorielle de développement (Lpsd) 2019 – 2023 qui sous-tend la stratégie dans les deux secteurs régulés énonce un objectif majeur : «Assurer le développement des services innovants afin de contribuer à la croissance économique nationale».
Moderniser le secteur postal, c’est surtout aider les acteurs à se servir des Tic comme un levier de croissance et de développement de leurs activités.
C’est ainsi qu’en parfaite adéquation avec la régulation asymétrique en faveur de l’opérateur historique qui connaît de grandes difficultés, l’Artp soutient la modernisation de la société nationale La Poste.
En effet, envisager le futur de la poste ne peut se faire sans œuvrer pour sa modernisation, sa numérisation, son autonomisation.
C’est pourquoi, consciente que toute avancée dans ce domaine est rigoureusement conditionnée par l’apport du numérique, l’Autorité de régulation a signé un partenariat avec un cabinet dénommé «Iiratic». L’objectif est de proposer et d’implémenter des solutions innovantes pour améliorer les prestations postales de l’opérateur public dans tous ses métiers dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’innovation de services publics numériques dédiés au secteur postal dénommé «Poste Challenge» pour une durée de deux ans. L’Artp, en sa qualité de conseil de tous les acteurs de développement dans le secteur postal, entend traduire en actes la vision du Président de la République Macky Sall, vision dont un des axes majeurs porte sur la modernisation des services publics en général et des services postaux en particulier.
Le Soleil