Imam Assane Cissé, c’est en deux mots une vie riche en enseignements et un vécu extrêmement instructif. Né à Kaolack, Sénégal, ce petit-fils de Baye Niasse deviendra un illustre érudit respecté à travers la diaspora et un peu partout dans le monde. Suivant les traces de son vénéré grand-père, Cheikh Assane Cissé se rendra dans les contrées les plus éloignées pour prêcher la bonne parole. Et tout comme son aïeul Cheikh Ibrahima Niasse « Baye », ce grand intellectuel musulman consacrera toute sa vie au service de l’islam auquel il aura converti un nombre incalculable d’individus. Du Caire aux Etats-Unis en passant par Londres, son vécu d’ambassadeur ne laisse pas indifférents les intellectuels l’ayant côtoyé. Même après sa disparition, il reste une fierté non seulement pour la communauté Niasène, mais aussi pour toute la Umma islamique.
Médina Baye, là où tout a commencé
Issu d’une des plus grandes familles religieuses du Sénégal, Imam Assane Cissé n’aura pas besoin d’aller loin pour s’abreuver dans les profondeurs des sciences islamiques. Comme il est de coutume chez les jeunes de ces foyers religieux ardents, d’où ruissellent des savoirs aussi divers que purs, c’est très tôt que le jeune Assane Cissé fera ses humanités religieuses d’abord à Médina Baye avant de voyager par la suite.
La patience comme arme, l’homme ira à l’assaut des épreuves et des difficultés qui jalonnent le chemin ô combien tumultueux de la science. De sa naissance à sa disparition, toutes les œuvres de l’imam Cissé tourneront essentiellement autour de la propagation de la religion musulmane, de la vulgarisation de la Tariqa Tidiane mais aussi et surtout des enseignements des érudits de la famille Niasséne. Ayant grandi sous l’aile protectrice de son grand-père, Baye Niasse, Cheikh Assane bénéficiera de sa bénédiction et de sa guidance pour sa mission future.
« Chercher le savoir jusqu’en Chine »
Cheikh Assane Cissé fera sienne cette phrase prêtée au prophète Mohammed (Paix et Salut sur Lui) et qui ne fixe aucune limite à l’apprentissage. Né le 4 décembre 1945 à Kaolack, Imam Assane Cissé est le premier petit-fils de Cheikh Al-Islam El Hadji Ibrahima Niasse. Après son Saloum natal, armé d’une soif inextinguible de connaissances, il séjournera en Egypte, pays qui a bonne presse auprès de l’opinion intellectuelle arabe du Sénégal, afin de satisfaire sa curiosité. Auparavant, Cheikh Assane Cissé aura mémorisé le Saint Coran à l’âge de 10 ans à Médina Baye même.
Sa licence en Etudes islamiques en poche, il décide de faire cap sur l’Angleterre pour continuer ses études. Ce choix de l’Angleterre est doublement stratégique en ce sens qu’il permettra au futur Imam d’obtenir une maîtrise en philosophie en 1974 mais aussi d’élargir son audience à travers l’anglais qui allait devenir la plus importante langue au monde et qui lui permettrait de communier avec les communautés anglophones qui suivent Baye Niasse en nombre indicible.
Propagation de la Tariqa Tidiane aux Etats-Unis
Justement, la maîtrise de l’anglais va permettre à Imam Assane Cissé de réussir sa mission aux Etats-Unis où il contribuera largement à la propension de la Tariqa Tidiane. Ce séjour au pays de l’Oncle Sam va lui ouvrir les portes du Doctorat en Etudes islamiques à l’université de Nothwestein dans l’Etat de l’Illinois. Vers la fin des années 1970, ce digne petit-fils de Baye Niasse réussira à donner le wird Tidiane à un grand nombre de personnes non seulement aux Etats-Unis mais aussi dans d’autres parties du monde.
Sur son initiative, des zawiyas seront également créées pour la perpétuation et la vulgarisation de la Tariqa Cheikh Ahmad At-Tidiane. Sur ce plan, le petit-fils a juste suivi les traces du grand-père qui avait déjà réussi non seulement à tâté le pouls mais aussi à atteindre les cœurs des non-musulmans peuplant ces parties du globe terrestre.
Le retour au Sénégal et l’imamat de la mosquée de Kaolack
Son retour dans son royaume d’enfance, terroir auquel il attache un indéfectible amour qui se justifie par l’estime pour ses ascendants, Imam Assane Cissé va s’investir dans la continuité de ce qu’il faisait déjà dans la diaspora. D’ambassadeur itinérant, il devient ainsi un ambassadeur résident mais son aura et influence n’en souffrira aucunement. Educateur hors pair, l’imam ne se limitera pas entre les quatre murs d’une mosquée ou d’une daara pour enseigner les recommandations divines. Certes, à la disparition de son vénéré père, imam Assane aura la charge de l’imamat de la grande mosquée de Médina Baye à partir d’avril 1982. Mais ce retour, loin de constituer un obstacle, lui permettra de recevoir au Sénégal des nationalités issues des quatre coins du monde.
Son vécu d’intellectuel et de guide religieux aux potentiels énormes aura surtout déteint sur les œuvres colossales dont il sera l’auteur. Parallèlement à l’éducation, imam Assane Cissé mettra en place une clinique dénommée Shifa Al-Aqsam pour venir en aide aux plus démunis à la santé précaire. Son inspiration sera aussi à l’origine de la naissance de la radio Al-fayda Fm, support qui permettra surtout de vulgariser les œuvres des érudits Niasse.
Une humilité et une générosité distinguées
Visage illuminé par la force du zikr, et moustachu d’une façon qui rappelle les traits physiques du vénéré Cheikh Al-Islam Baye Niasse, imam Assane a toujours été d’abord facile et d’une humilité rarement égalable. Il fait partie de ces guides religieux ouverts à la modernité tout en ayant une forte assiste sur la tradition prophétique. Ses nombreux voyages à l’étranger n’auront fait que renforcer son indéfectible attachement aux valeurs de partage et de tolérance religieuse dans un contexte où l’islamophobie était érigée en modus vivendi dans certaines sociétés occidentales. En digne ambassadeur, imam Cissé réussira, par des voies pacifiques et apaisées, à atteindre les cœurs de milliers de non-musulmans.
Cette ouverture d’esprit vaudra à l’Imam Assane Cissé beaucoup de récompenses et distinctions à travers les Etats-Unis. C’est ainsi qu’à partir de 1986, le 16 juin sera proclamé Journée Cheikh Hassan Cissé dans l’Etat de Washington, DC. De même, l’Etat de New Orleans déclarera à partir de 1996 le 2 octobre comme une journée où l’on commémore le Cheikh. Sur la liste non exhaustive de ces distinctions, il y a le titre de Citoyen d’Honneur et membre Honorifique du Conseil municipal de Memphis.
L’aura dont imam Assane Cissé jouit auprès de la diaspora est surtout provoquée par l’engagement du religieux à œuvrer pour l’avènement d’une société juste et respectueuse de la diversité culturelle et cultuelle. Ne voilà-t-il pas pourquoi il créera une ONG internationale dénommée Institut islamique africain américain (IIAA), le 23 novembre 1988. Cet organisme non gouvernemental aura d’ailleurs le privilégié Statut général d’Observateur auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), sa principale mission étant de former aux sciences arabo-islamiques des jeunes venus des Etats-Unis et d’ailleurs.
Après avoir conquis bien des territoires et convertis un nombre incalculables d’individus, imam Assane rendra l’âme le 13 août 2008 à l’âge. Douze ans après son rappel à Dieu, son nom continue pourtant de résister à l’usure du temps, cet effaceur de traces. Imam Cissé, l’infatigable missionnaire au service de Cheikh Al-Islam Baye Niasse décède à l’hôpital éponyme sis à Kaolack alors qu’il était âgé de 63 ans. Sa mort intervient alors que Cheikh Assane venait juste de rentrer d’une mission de 45 jours à l’étranger. Il sera enterré dans le mausolée de Cheikh Al-islam Baye Niasse où depuis lors il dort du sommeil des justes.