Paris accélère, depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, ses efforts pour rétablir ses relations avec le Rwanda. Après la reprise de la coopération entre l’AFD et Kigali ainsi que la publication du rapport Duclert, le dirigeant veut « écrire une nouvelle page » des relations franco-rwandaises.
Le président français Emmanuel Macron (photo) se rendra à Kigali d’ici la fin du mois. L’annonce a été faite par le chef d’Etat français à l’occasion de la conférence internationale sur le financement des économies africaines qui s’est déroulée le mardi 18 mai 2021, à Paris.
« Mon déplacement à la fin du mois de mai au Rwanda sera un déplacement dont les thématiques seront à la fois politique, mémorielle mais économique, sanitaire et d’avenir », a déclaré le dirigeant français face aux journalistes. Et d’ajouter : « nous avons aussi à cœur avec le président Kagame d’écrire une nouvelle page de la relation et de porter des projets très structurants ».
Cette déclaration s’inscrit dans la droite ligne des développements survenus ces derniers mois entre la France et le Rwanda concernant notamment la reconnaissance du rôle de l’Hexagone dans le génocide des tutsis de 1994.
Après des décennies de tensions entre les deux pays, deux rapports sur le génocide rwandais publiés cette année, l’un commandé par Paris et l’autre par Kigali, ont conclu à une « responsabilité sans complicité » de l’Etat français dans les massacres qui ont coûté la vie à plus de 800 000 personnes.
En juillet 2020, la France avait déjà fait un pas dans le rétablissement de ses relations économiques avec le Rwanda. Signe du dégel des tensions diplomatiques entre les deux parties, un accord de 56 millions $ a été signé avec l’Agence française de développement (AFD), 28 ans après que l’institution a suspendu sa collaboration avec Kigali.
Faut-il le rappeler, en 2006, à la suite d’un mandat d’arrêt délivré par le juge Jean-Louis Bruguière contre des proches du président Paul Kagame, Kigali a rompu ses relations avec Paris. Si des efforts de rapprochement ont été menés depuis lors, il faut souligner que la France ne dispose plus d’un ambassadeur accrédité près le pays est-africain depuis 2015.
A Kigali, Emmanuel Macron pourrait donc faire de grandes annonces concernant le rétablissement des relations franco-rwandaises. Cependant, il n’a pas indiqué s’il présenterait les excuses officielles de la France pour son implication dans le génocide.
Notons qu’avec ce nouveau voyage, il sera le deuxième président français à aller au Rwanda depuis 11 ans, après Nicolas Sarkozy. Lors de sa visite à Kigali, ce dernier avait également reconnu de « graves erreurs » et « une forme d’aveuglement » de la France lors des massacres de 1994, mais avait refusé de présenter des excuses officielles au nom du pays.