Les campagnes de vaccination battent leur plein dans le monde. Certains pays comme Israël ont atteint une couverture vaccinale suffisante pour faire infléchir la courbe des contaminations et en France ce sont plus de 14 millions de personnes qui ont reçu au moins une dose. Malgré cela, le virus circule encore énormément sur le territoire. La vaccination peut-elle faire disparaître le virus ? Et de façon plus terre à terre, de quoi nous protège-t-elle vraiment ?
Une personne est véritablement vaccinée lorsqu’elle a suivi ce que les chercheurs appellent un schéma vaccinal complet. C’est-à-dire avoir reçu deux injections (une seulement dans l’unique cas du vaccin Johnson & Johnson) et avoir attendu au moins quinze jours après la seconde. C’est seulement à ce moment-là que la réponse immunitaire est effective. C’est pourquoi entre la première injection et la vaccination définitive, il est primordial de maintenir les gestes barrières, révèle une étude réalisée par les universités californiennes de Los Angeles et San Diego. Sur plus de 35 000 soignants ayant reçu une première dose, 379 ont été testés positifs dans les deux semaines qui ont suivi cette injection.
« Les vaccins protègent des formes les plus graves »
Mais ce n’est pas non plus parce qu’on a suivi un schéma vaccinal complet qu’on ne peut pas contracter le virus. Selon le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef de service des maladies infectieuses de l’Hôpital Henri-Mondor à Créteil et expert vaccins à la Haute autorité de santé (HAS), « les vaccins contre le Covid-19 nous protègent des formes les plus graves de la maladie, celles qui peuvent entraîner des complications et un passage dans un service de réanimation ». Pour lui, tous les vaccins autorisés en France ont une efficacité similaire pour prévenir de ces formes dites symptomatiques.
« Un vaccin n’est jamais efficace à 100%. Il est donc possible que des contaminations aient lieu dans des cercles particulièrement clos comme des Ehpad où les gens restent en contact », explique Jean-Daniel Lelièvre. Ainsi plusieurs foyers de contaminations ont pu être détectés notamment dans des Ehpad. C’était le cas à Biscarosse, dans le sud-ouest de la France, où pourtant 97% des patients étaient vaccinés. Quinze ont contracté le virus de façon bénigne. La vaccination leur a sans doute évité un séjour à l’hôpital.
La vaccination est efficace quand elle est massive
Néanmoins, la vaccination reste d’une importance primordiale car elle a la capacité de réduire le nombre de transmission, et ce, même après une seule injection. L’Agence de santé publique anglaise (Health Public England) a publié une étude dans ce sens. Selon elle, le vaccin réduit de moitié la transmission du virus dans les deux semaines qui ont suivi l’inoculation de la première dose.
Enfin, ce qu’il faut comprendre, c’est que la vaccination est pleinement efficace quand elle est massive. « Plus la couverture vaccinale est importante, plus les effets se font sentir », explique le médecin Didier Lepelletier, chef du groupe Covid au sein du Haut conseil de la santé publique (HCSP). Il poursuit : « La vaccination est le seul moyen sur le long terme d’éradiquer une maladie. Grâce à des campagnes mondiales et massives, la variole a complètement disparu. »
France : 10% de la population a reçu ses deux doses
C’est d’ailleurs pour cela que certains pays ayant massivement vacciné, comme Israël ou les États-Unis, allègent progressivement les restrictions sanitaires. En Israël, où près de 60% de la population est vaccinée, les bars ont rouvert avec des jauges et le masque n’est plus obligatoire à l’extérieur. Aux États-Unis, près d’un tiers de la population a reçu ses deux doses et là-bas aussi le masque peut être abandonné sauf en plein milieu d’une foule.
En France, la couverture vaccinale est bien moindre. Seuls 6 millions d’individus ont reçu leurs deux doses, cela ne représente pas 10% de la population. C’est pour cette raison que le Haut conseil de la santé publique recommande de « poursuivre l’application des gestes barrières ». Dans une note rendue publique, le conseil incite à garder le masque au maximum et à ne le retirer qu’en présence de personnes vaccinées qui ne sont pas des sujets à risque.