Le Sénégal s’est toujours rappelé qu’il a une longue histoire de défense des droits des travailleurs. Au passage, soulignons que la première grève en Afrique subsaharienne a eu lieu à Dakar en 1919. Il s’en est suivi l’enregistrement du premier syndicat, en 1923, et depuis 1947, le passage du 1er Mai au rang des jours fériés. C’est à ce moment que c’est devenu un rituel pour le pays de la Téranga. Chaque année, plusieurs milliers de personnes arborant tee-shirts, boubous et casquettes aux couleurs de leur syndicat, se réunissent autour de la place de la Nation pour célébrer cette date à coups de sifflet et de tam-tam.
Célébration du 1er mai et revendications syndicales : Un cahier de doléances alourdi par les effets de la pandémie de Covid-19.
La tradition exige qu’à la fin du défilé, les travailleurs portent un cahier de doléances au palais présidentiel. Il est simplement à noter que les syndicats, généralement, soulignent que cette liste est identique chaque année avec notamment des revendications rarement prises en compte.
En 2019, après l’élection présidentielle, nul doute que ce cahier viendra rappeler au président réélu, Macky Sall, sa promesse de campagne, notamment la création d’un million d’emplois durant son quinquennat.
En effet, la cérémonie de remise des cahiers de doléances du 1er mai 2019 a laissé un goût amer aux syndicalistes du monde du travail. C’étaient des revendications qui tournaient généralement autour des questions de santé, d’éducation mais également des collectivités territoriales. L’on se rappelle des revendications urgentes telles que la normalisation des relations entre le patronat et les travailleurs, la stabilisation du système éducatif en réglant le passif social, mais également l’application des accords signés et des engagements, notamment la satisfaction des revendications du Syndicat des inspecteurs et inspectrices de l’enseignement du Sénégal (Siens), qui est en mouvement depuis 2017.
Toujours dans cette vague de contestations et de revendications, on peut rappeler la mise en œuvre des accords signés par l’État dans les secteurs de la santé et de l’éducation sans occulter la question liée aux disparités salariales dans la Fonction publique. «La rémunération dans le secteur public et parapublic pose problèmes et le Président a commandité une étude. Des propositions ont été faites et les négociations ont commencé, mais jusqu’à présent on n’arrive pas à formaliser le rétablissement de l’équité dans le traitement des salaires des fonctionnaires. Et il y a aussi la révision de la Convention nationale interprofessionnelle qui date de 1982. Sur cette dernière, nous avons noté des lenteurs au niveau du patronat sénégalais », avait rappelé le SG de la CSA (confédération des syndicats autonomes).
Une sortie récente du secrétaire général des centrales syndicales autonomes fait savoir que plus de 60% des travailleurs qui sont sous contrats d’intérim ne disposent d’aucune protection sociale. Ainsi, les droits des travailleurs sont bafoués dans plusieurs entreprises. Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu’avec cette situation sanitaire imposée par la pandémie de covid-19, le cahier de doléances risque de s’alourdir. La cérémonie de remise de cahier de doléances aura donc bien lieu ce 1er mai à midi et avec les différents syndicats représentatifs.
Comme nous l’explique Cheikh Diop de la Cnts/Fc, il y aura la question sur la baisse des denrées de consommation courante, du loyer, de la sauvegarde des emplois, du renforcement de la résilience des travailleurs face à la covid-19, mais également la négociation d’un système permettant d’indexer les salaires sur l’augmentation du coût de la vie, autrement dit, l’inflation. La question du logement des travailleurs est aussi une question importante selon Cheikh Diop. Donc il urge de voir les contours de facilitation du logement aussi bien pour le secteur formel que celui informel mais aussi pour les retraités.
Un autre point important est celui évoquant l’application de la loi sur le contenu local. Le contenu doit être mis en œuvre pour la main-d’œuvre locale et aussi pour le capital national. Les syndicats estiment l’importance de la préférence nationale, notamment dans la gestion des ressources comme le pétrole.
Un fonds de protection sociale qui peut être un fonds mondial et suivant l’accompagnement de l’État. Pour se résumer, le syndicaliste estime qu’effectivement, « la pandémie de covid-19 a négativement impacté le monde du travail ».
Les syndicats vont également sans doute exprimer leur attentes sur les questions sociales, notamment celles de la jeunesse avec la résorption du chômage en gérant de manière diligente, cette question dans la plus grande transparence. En effet, cette question qui est aggravée par les effets de la crise sanitaire ont une importance capitale pour les centrales syndicales.