Le Syndicat national de l’Enseignement supérieur (SAES) section Université virtuelle du Sénégal (UVS) sonne l’alerte sur une « politique de massification à coût nul « , accusant le ministre de tutelle, Cheikh Oumar Ann. A en croire les enseignants, ils foncent droit vers le mur si des mesures idoines ne sont pas prises notamment le relèvement du budget.
« Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, lors de sa visite du jeudi 12 novembre 2020, avait sollicité l’UVS pour l’accompagner dans l’orientation des 72.000 bacheliers de l’année 2020. L’UVS, en raison de la flexibilité de son modèle et compte tenu du contexte national, a accepté d’accueillir 25.000 étudiants, soit 30% des bacheliers, sous condition d’un accompagnement budgétaire suffisant, de la livraison des ENO définitifs et du siège de l’UVS, et de la fourniture à temps des outils de travail des étudiants. La section SAES de l’UVS regrette qu’à ce jour (6 mois après la rencontre), aucun engagement pris par le MESRI n’ait été respecté afin de permettre à l’UVS de démarrer son année académique 2020-2021 », campe le syndicat dans un communiqué.
Le document, parvenu à Emedia, avertit sur « des répercussions hautement préjudiciables du non-respect des engagements pris avec notre institution », précisant qu’ »en 6 ans, l’effectif des étudiants de l’UVS est passé de 2.000 à près de 30.000. Ce chiffre est, aujourd’hui, porté à près de 50.000 avec les 21.000 étudiants nouvellement orientés. Nous faisons face à une véritable politique de massification sans prise en compte des capacités réelles et connues de l’institution. Par ailleurs, aucune corrélation 2 n’est faite entre l’accroissement des effectifs et l’augmentation de la subvention de l’Etat. L’UVS n’a reçu que 4,7 milliards F CFA, en 2021, pour prendre en charge ses 50.000 étudiants présents sur toute l’étendue du territoire national. »
« Caractère dérisoire de la subvention et dangerosité de la politique de massification »
Une situation, qui ajoutent les enseignants, « affecte considérablement le fonctionnement actuel de l’institution et risque de porter atteinte à sa crédibilité acquise au prix de très grands sacrifices de l’administration et des personnels. » D’autant plus que relèvent-ils, « le Ministère doit comprendre que l’UVS n’est pas un « trou sans fond » à coût nul. Son fonctionnement requiert la satisfaction de plusieurs exigences, en matière de ressources financières, humaines et technologiques. Notre responsabilité, en tant que Sénégalais et professionnels du secteur, est d’alerter l’État et l’opinion nationale que les inconséquences des politiques de l’enseignement supérieur ne peuvent être portées par l’UVS. »
Ainsi, préviennent-ils : « le MESRI sera tenu pour seul responsable de toute perturbation qui viendrait des membres de la communauté, en particulier des 21.000 bacheliers qui sont, à ce jour, dans l’impossibilité de démarrer leur année académique. Nous alertons l’opinion des difficultés devant lesquelles nous allons inéluctablement si l’État ne prend pas très rapidement les mesures et décisions qui s’imposent, notamment le renforcement du budget de l’institution et l’attribution des outils de travail aux 21.000 étudiants ».
Vendredi dernier, 23 avril, c’est le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal / Enseignement Supérieur et Recherche (SUDES/ESR) qui bandait les muscles, réclamant la réception des chantiers des universités Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio, Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niasse, Iba Der Thiam de Thiès, du Sénégal oriental, des centres délocalisés des universités Assane Seck et Gaston Berger à Sédhiou, Kolda, Guéoul, Matam et des ISEP dans toutes les régions du Sénégal.