Les Sénégalais ne sont pas ‘’satisfaits’’ de la gouvernance économique de leur pays, selon une nouvelle enquête d’Afrobarometer. En effet, le document, reçu hier à ‘’EnQuête’’, révèle que la majorité des citoyens pensent que le pays se dirige vers une ‘’mauvaise direction’’ et jugent ‘’plutôt mal’’ ou ‘’très mal’’, les réponses du gouvernement au chômage, au fossé entre riches et pauvres, et à d’autres préoccupations économiques.
Les Sénégalais ont une ‘’perception négative’’ de la gouvernance économique de leur pays. C’est ce qui ressort de l’enquête d’Afrobarometer dont une copie a été transmise hier à ‘’EnQuête’’. Le document renseigne que la majorité des citoyens pensent que le pays se dirige vers une ‘’mauvaise direction’’. ‘’Bien que la moitié des citoyens (interrogés) considèrent bonnes leurs conditions de vie, la pauvreté vécue est en hausse. Au regard de l’impact de la Covid-19 et d’autres facteurs conjoncturels, il convient que le gouvernement et les acteurs économiques définissent des stratégies de résilience idoines. La majorité des Sénégalais affirment que leurs conditions de vie actuelles sont bonnes. Toutefois, ils ont une perception négative de l’orientation actuelle du pays et la réponse du gouvernement aux besoins des citoyens’’, rapporte le document.
Il est précisé dans le document que la moitié (51 %) des Sénégalais estiment que leurs conditions de vie actuelles sont ‘’bonnes’’, tandis que près du tiers (32 %) présentent les leurs comme ‘’mauvaises’’. Cependant, la majorité (60 %) des Sénégalais pensent que le pays se dirige dans la mauvaise direction. La plupart des Sénégalais (46 %) jugent ‘’assez mal’’ ou ‘’très mal’’ la situation économique actuelle du pays. Toutefois, un peu plus de quatre citoyens sur 10 (41 %) la décrivent comme ‘’assez bonne’’ ou ‘’très bonne’’. Pour la proportion de personnes ayant vécu une forte pauvreté, elle est passée de 25 % en 2017, à 34 % en 2021. La majorité des Sénégalais jugent ‘’plutôt mal’’ ou ‘’très mal’’ les réponses du gouvernement actuel aux préoccupations des citoyens, notamment en termes de création d’emplois, de réduction des inégalités, d’amélioration des conditions de vie des pauvres, etc.
Par rapport à l’accès aux services sociaux de base, l’enquête souligne qu’une ‘’forte présence’’ d’infrastructures scolaires (92 %), de réseaux électriques (81 %), de systèmes d’adduction d’eau (81 %) et d’établissement sanitaires (69 %) a été observée dans les différentes localités du Sénégal.
Néanmoins, peu de répondants habitent dans des zones desservies par des postes de police/gendarmerie (38 %), des bureaux de poste (32 %) et des systèmes d’évacuation des eaux usées (22 %). ‘’La majorité des Sénégalais ont sollicité les services d’établissements de santé (76 %), d’écoles publiques (57 %), d’organismes d’enregistrement (54 %) et, dans une moindre mesure, les services de la police (16 %). Cependant, la plupart des usagers des services publics jugent difficile ou très difficile l’obtention des services demandés, et certains parmi eux n’hésitent pas à verser des pots-de-vin pour les acquérir’’, renchérit le rapport.
Le fonctionnement de la démocratie décriée
Concernant la gouvernance politique, notre source explique que les citoyens ‘’rejettent’’ les régimes autoritaires et ‘’préfèrent’’ la démocratie comme modèle de gouvernance. ‘’Si la majorité (53 %) des citoyens pensent que le Sénégal est une pleine démocratie ou une démocratie avec des problèmes mineurs, il n’en demeure pas moins que cette majorité reste insatisfaite de la manière dont la démocratie fonctionne au Sénégal. Toutefois, ils ne sont pas satisfaits de la manière dont elle fonctionne au Sénégal. Bien que les structures de services publics existent, les Sénégalais jugent leur accès difficile et une bonne partie n’hésite pas à verser des pots-de-vin pour obtenir le service sollicité ou surtout pour éviter des difficultés avec la police’’, lit-on dans le rapport.
L’enquête d’Afrobarometer relève que les citoyens se sentent ‘’libres’’ d’exprimer leurs opinions, mais pensent que la loi traite les populations de manière ‘’inégalitaire’’. ‘’Les Sénégalais font beaucoup plus confiance aux leaders religieux et aux forces de défense. En revanche, près de la moitié accorde sa confiance aux dépositaires des pouvoirs Exécutif et Judiciaire, tandis que seule une minorité (32 %) de citoyens fait confiance Lau pouvoir législatif représenté par l’Assemblée nationale’’, note le rapport.
Il convient de souligner qu’Afrobarometer est un réseau panafricain et non-partisan, de recherche par sondage, qui produit des données jugées ‘’fiables’’ sur les expériences et appréciations des Africains, relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie. Dans le cadre de ses enquêtes, Afrobarometer réalise des entretiens face-à-face dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale. Pour le Sénégal, l’équipe d’Afrobarometer, conduite par le Consortium pour la recherche économique et sociale (Cres) s’est entretenue avec 1 200 adultes Sénégalais, entre décembre 2020 et janvier 2021.