Majoritairement cultivées en Afrique, seule une fraction de la production de noix de cajou est transformée sur le continent, le privant ainsi d’une multitude d’opportunités liées à l’explosion de la demande mondiale, note un nouveau rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Entre 2000 et 2018, le commerce mondial de noix de cajou brutes a plus que doublé pour atteindre 2,1 milliards de kilos dont près des deux tiers de cette croissance sont le fait des producteurs africains – la Côte d’Ivoire en tête. Pourtant les agriculteurs et les exportateurs du continent n’obtiennent qu’une fraction du prix de détail final, selon le rapport intitulé « Coup d’œil sur les produits de base : numéro spécial sur les noix de cajou ».
« Les pays qui cultivent des noix de cajou mais ne les transforment pas à une échelle significative ne retiennent qu’une petite part de la valeur créée lorsque la noix passe de la ferme au magasin », déclare Miho Shirotori, qui dirige les travaux de la CNUCED sur les négociations et la diplomatie commerciales. « Agriculteurs, exportateurs et travailleurs africains passent à côté d’une multitude d’opportunités ».
Les noix de cajou poussent sous les climats tropicaux de 20 pays d’Afrique occidentale et orientale qui produisent environ 90% des noix de cajou brutes commercialisées sur le marché mondial. Après la Côte d’Ivoire, les principaux producteurs sont la Tanzanie, le Nigéria, le Bénin, la Guinée-Bissau, le Mozambique et le Ghana.
Mais moins de 15% des noix du continent sont décortiquées sur le sol africain. Le reste est exporté principalement vers l’Asie, où 85% des noix de cajou du monde sont décortiquées, ajoutant de la valeur au produit. À eux seuls, deux pays asiatiques – l’Inde et le Vietnam – totalisaient environ 98% des importations mondiales de noix de cajou brutes entre 2014 et 2018.
Davantage de valeur est ajoutée en Europe et en Amérique du Nord, où 60% des noix commercialisées sont torréfiées, salées, emballées et consommées en accompagnement d’apéritifs ou incorporées dans une boisson, une barre nutritive ou dans d’autre produit. Bien qu’il soit difficile d’évaluer le manque à gagner pour l’Afrique, le rapport fournit des calculs indicatifs.
Le rapport met en évidence le potentiel des noix de cajou à contribuer aux Objectifs de développement durable des Nations Unies, en particulier celui visant une réduction de la pauvreté.
Les transformateurs africains qui peuvent répondre aux normes de qualité et de sécurité alimentaires de plus en plus strictes sur les marchés mondiaux pourraient profiter de la demande croissante en produits biologiques qui, dans l’UE, par exemple, a augmenté de 121% entre 2009 et 2019.
Alors que l’épine dorsale de l’industrie africaine de la noix de cajou doit être un approvisionnement stable en noix brutes de haute qualité, le rapport indique que les transformateurs ont également besoin d’un environnement politique qui leur permette d’opérer avec des coûts de transformation compétitifs et qui leur facilite l’accès aux principaux marchés d’exportation.