Au Tchad, 7,3 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes ce dimanche pour départager dix candidats parmi lesquels l’actuel chef de l’État Idriss Déby Itno, qui brigue un nouveau mandat de six ans. Dans la capitale comme en province, il n’y avait pas foule devant les bureaux de vote.
Le dépouillement est terminé dans le centre Ambassatna Carré 5 qui regroupe dix bureaux de vote. L’opération s’est déroulée à la lumière des lampes-torches sous les yeux des représentants du Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti au pouvoir, et de quelques passants. « La journée a été calme, il y a eu moins d’électeurs que prévu », indiquait l’un d’eux.
Dans le centre-ville et le nord de Ndjamena, où s’est rendue notre envoyée spéciale Alexandra Brangeon, les bureaux de vote ont ouvert lentement et avec souvent entre une heure et une heure et demie de retard. Les électeurs sont arrivés au compte-gouttes à partir de 9h. « C’est un devoir », « il faut bosser », « on veut la stabilité et la paix », expliquaient-ils.
Une participation différente selon les quartiers
À Chagoua, un quartier du sud de Ndjamena réputé proche de l’opposition, les bureaux étaient quasiment vides à la mi-journée. En une heure, seuls quatre électeurs s’étaient montrés. « Les gens viendront plus tard », assurait le responsable d’un bureau. Mais à l’extérieur de ce même bureau, un jeune assis sur une chaise en plastique n’y croyait pas « Les gens du quartier sont en colère, ils ne viendront pas voter. Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité. Les jeunes n’ont pas de travail. En 30 ans, Déby n’a rien fait pour son pays. Ça ne sert à rien de voter ».
Finalement, la participation a été très différente selon les quartiers. Dans les bureaux de vote des quartiers du centre de la capitale, proches du parti au pouvoir, quelques files d’attente ont été observées dans la journée. Ceux des quartiers sud sont en revanche restés vides une bonne partie de la journée.
Une partie de l’opposition avait appelé au boycott de ce scrutin, dont Saleh Kebzabo, l’opposant historique au président Déby. L’appel avait été relayé par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme. Mais contrairement à ce qu’avaient annoncé une coalition d’opposition et la société civile, il n’y a pas eu non plus d’importantes manifestations. Il faut dire que les forces de sécurité se sont déployées en nombre aux endroits sensibles de la ville.
Faible affluence en province
À Abéché, la principale ville de l’est du Tchad, la municipalité a fait fermer les marchés, sans pour autant convaincre la population à sortir massivement. Selon plusieurs sources sur place, seul le centre de vote du marché Torodona a connu une affluence en matinée.
Même constat à Sarh, dans le sud du pays, où la plupart des agents électoraux se tournent les pouces depuis la fin de la matinée. Là-bas, seul le grand marché est fermé. Dans les quartiers, les gens vaquent à leurs occupations comme si de rien n’était, rapporte note correspondant, Madjiasra Nako. On espérait qu’après la messe, les gens viendraient voter ; il n’en est rien, témoigne un confrère joint sur place.
À Moundou, capitale économique du Tchad, les rues étaient désertes ce dimanche midi. Les centres de vote aussi. Selon plusieurs observateurs joints sur place, les bureaux de vote qui comptent entre 300 et 400 électeurs ont accueilli pour les plus dynamiques seulement une quarantaine d’électeurs à la mi-journée.