Les travailleurs de l’usine de fabrication de carreaux sise à Sindia, ne peuvent plus contenir leur colère contre leurs employeurs chinois. Ils ont tenu un point de presse, hier, pour dénoncer ‘’la situation d’esclavage’’ dans laquelle ils vivent avec eux.
Ce n’est pas la première fois que les travailleurs de Twyford tirent la sonnette d’alarme pour dénoncer les conditions difficiles dans lesquelles ils sont placés dans l’usine de fabrication de carreaux. Ils ont tenu un point de presse hier et fustigé fermement l’attitude de leurs employeurs et le mutisme de l’Etat face à leurs difficultés.
‘’Encore une fois, le Syndicat unitaire des travailleurs des industries minières et activités (Sutimac) vient pour alerter l’opinion nationale et internationale de la situation humiliante et dramatique dans laquelle l’entreprise Twyford Ceramics draine ses employés dans la précarité et la psychose, depuis la création de cette usine en 2017’’, a déclaré Aliou Ndiaye, en guise de préambule.
Selon le coordonnateur des délégués du personnel, ‘’cette entreprise multinationale à qui l’Etat du Sénégal a tout facilité pour lui permettre de promouvoir l’emploi des jeunes, continue de profiter de cette facilité d’investissement au détriment des travailleurs, essentiellement des jeunes qui voient les ressources de leur pays surexploitées et qui, en plus, sont traités comme des esclaves des temps modernes’’. Il explique : ‘’Depuis presque deux années, la Direction des ressources humaines de Twyford Ceramics, sous la conduite des employeurs chinois, continue de traiter les travailleurs dans des conditions dignes de l’esclavage et de les gérer en dehors de toute la législation en vigueur au Sénégal, malgré les avertissements incessants de l’inspection régionale du travail.’’
Selon le responsable syndical du Sutimac, ‘’l’entreprise Twyford Ceramics ne respecte pas la durée légale de travail de 40 heures par semaine et la pause quotidienne (chaque employé travaille pendant une durée de 12 heures par jour, sans arrêt et sans pause) ni les normes relatives aux conditions sanitaires, sécuritaires et de protection des travailleurs (conditions de travail d’une extrême pénibilité : travail en position debout durant 12 heures) encore moins le versement des cotisations sociales à l’Ipres et à la CSS’’.
Dans la même veine, il indique que ‘’l’entreprise Twyford Ceramics ne fournit pas des équipements de protection individuelle (Epi) adéquats et appropriés dans certains départements de l’usine où les travailleurs qui y interviennent sont exposés à des risques de graves accidents’’. Pire encore, ajoute-t-il, ‘’à Twyford, au moment où, dans les autres entreprises, on subventionne la restauration des travailleurs, ici, au contraire, on prend leurs primes de panier pour les remplacer avec des repas d’esclaves, juste pour faire des bénéfices sur ces primes’’.
En effet, selon les travailleurs, l’entreprise se sert de manière abusive de la dérogation de la Convention de l’Apix qui lui permet de renouveler des CDD durant 5 ans, en mettant fin aux contrats après seulement six mois et le remplacement par de nouveaux. ’’Twyford est une entreprise génératrice de chômeurs et non créatrice d’emplois’’, fulmine le délégué.
Délégués en sursis
Le syndicaliste s’insurge aussi contre l’environnement du travail caractérisé par une insécurité totale, du fait qu’un ‘’chef chinois’’ peut frapper, battre et agresser un ‘’employé noir’’ sans être sanctionné.
Face à cette situation délétère, le collectif des délégués du personnel n’a cessé de ne ménager aucun effort, pour un dialogue social constructif, à travers de multiples tentatives de dialogue et de négociations initiées, mais en vain’’.
Pour ces raisons, indique le coordonnateur des délégués du personnel, ‘’le Sutimac, syndicat d’affiliation de la quasi-totalité des travailleurs de Twyford, a déposé un préavis de grève qui va expirer ce 12 avril 2021. Par la suite, sera déroulé un plan d’action pour exiger de l’entreprise Twyford Ceramics le respect de la législation du travail en vigueur au Sénégal et de traiter les travailleurs dans la dignité’’.
D’ailleurs, signale-t-il pour le déplorer, ‘’ce même collectif est en train de subir des sanctions, parce que les délégués sont en train de défendre les intérêts des travailleurs. Les délégués vivent actuellement de la discrimination venant de leurs supérieurs hiérarchiques, en les laissant en rade quant à l’avancement dans les emplois. Et pour couronner le tout, la direction est sur le point de ne pas renouveler les contrats des délégués, en prétextant que certains d’entre eux ne font pas leur travail ; ce qui est totalement contraire à la réalité. La vérité est que le fait que les délégués assurent leurs rôles n’arrange pas la direction. Donc, il faut les supprimer’’.