Intelligent, prudent, solitaire et rapide, le poisson-scie fascine par ses aptitudes et les superlatifs ne manquent pas pour décrire cet animal hors du commun.
Le poisson-scie, ou pristiforme, ressemble à s’y méprendre à un requin, à tel point qu’il est devenu commun de les confondre. À tort ; le poisson-scie constitue en réalité une famille peu commune de raie. Cet animal ovovivipare, dont les œufs incubent et éclosent dans le ventre de la femelle, peut mesurer jusqu’à sept mètres de long. Il est doté d’un puissant rostre pouvant mesurer jusqu’à un mètre cinquante, bordé de dents et d’ampoules électro-réceptrices, capable d’effrayer les requins les plus affamés. Le poisson-scie joue de ce fait un rôle culturel important dans de nombreuses sociétés, où il est un symbole protecteur, guerrier et de prospérité.
Redoutable chasseur, le poisson-scie a élaboré sa propre technique de traque. Expert en camouflage, extrêmement rapide et solitaire, il reste caché, tapi dans l’ombre en attendant le moment opportun pour fondre sur sa proie. Cette tactique, acquise au fil de son évolution, en fait un prédateur mortel et l’un des animaux les plus furtifs au monde.
Le pristiforme se sert-il vraiment de sa scie pour chasser ? Son rostre lui sert avant tout d’outil d’exploration des fonds sableux. De cette manière, cet animal est un acteur essentiel de l’écosystème marin ; il déplace le sédiment et déterre les petits organismes, et permet ainsi à d’autres animaux de trouver plus facilement leurs proies.
Cet appendice hérissé de dents est également recouvert de milliers de récepteurs électriques, servant de capteur permettant à l’animal de détecter les champs électriques d’autres poissons dans son voisinage, et donc de proies potentielles. Des petits canaux recouvrent également sa peau et le renseignent sur les mouvements d’eau alentour. Une fois la proie ferrée, le poisson-scie attaque de plusieurs coups à la seconde à l’aide de son rostre afin de l’assommer ou la trancher.
Le poisson-scie est une espèce classée en danger critique d’extinction par l’UICN, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature et protégée par l’Annexe I /A* de la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. De cette manière, il bénéficie d’une interdiction d’exploitation commerciale, laissant la porte ouverte au commerce illégal. Le poisson-scie est tué pour la chair de ses ailerons et surtout de sa scie, vendue comme ornement ou décoration. Il est également prisé pour sa peau, son foie et ses œufs.