(Agence Ecofin) – En plus de soulever la partialité de son président, Jacob Zuma soutient que la Commission anti-corruption a été spécialement créée pour enquêter contre lui. Son refus d’y comparaître malgré une décision de la Cour constitutionnelle peut être lourd de conséquences.
L’ancien président sud-africain, Jacob Zuma (photo), a décidé de ne pas se présenter devant la Commission d’enquête sur la corruption à la tête de l’Etat, encore appelé Commission Zondo, malgré une décision de la Cour constitutionnelle qui l’y contraint.
Dans un communiqué publié le lundi 1er février par la Fondation Jacob Zuma, l’ancien dirigeant a déclaré qu’il ne craint pas d’aller en prison si sa décision de ne pas coopérer avec la Commission était considérée comme une violation de la loi.
« Si cette position est considérée comme une violation de leur loi, laissez leur loi suivre son cours », a déclaré Jacob Zuma, ajoutant : « je n’ai pas peur d’être arrêté. Je n’ai pas peur d’être condamné, ni d’être incarcéré ».
Le 28 janvier, la Cour constitutionnelle d’Afrique du Sud a ordonné à l’ancien président d’obéir aux convocations et aux directives de la Commission Zondo. Une décision qui est intervenue après des mois de dilatoire et de procédures de l’ancien chef d’Etat afin d’éviter de témoigner devant cette commission chargée d’enquêter sur les soupçons de corruption dans les organes d’Etat pour lesquels il a été parfois cité.
Ressassant son passé de lutteur anti-apartheid qui lui aura valu de purger une peine de 10 ans à la prison de Robben Island, Jacob Zuma soutient n’avoir « jamais imaginé qu’il viendrait un moment où un gouvernement démocratique en Afrique du Sud fondé sur des valeurs constitutionnelles se comporterait exactement comme le gouvernement de l’apartheid en créant des processus juridiques conçus pour cibler des individus spécifiques dans la société ».
« Être témoin de cela entraîne une douleur beaucoup plus amplifiée lorsque l’on se rend compte qu’il s’agit d’un gouvernement libéré noir se comportant de cette manière contre l’un des leurs », a-t-il déclaré.
Selon lui, sa volonté de ne pas comparaître est principalement fondée sur le fait qu’il accuse son président, le juge Raymond Zondo, d’être « partial » et qu’il devait se récuser.
« Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas comparaître devant la Commission, mais j’ai dit que je ne pouvais pas comparaître devant le juge en chef adjoint Zondo en raison d’une crainte bien fondée de partialité et d’une histoire de relations personnelles entre le juge en chef adjoint et moi-même », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que « sa présidence » sur la procédure ne lui donne pas « la certitude d’une audience juste et équitable ».
Plutôt que de s’appeler Commission d’enquête sur la corruption à la tête de l’Etat, l’ancien dirigeant estime ironiquement qu’elle aurait dû être nommée « Commission d’enquête sur les allégations de corruption contre Jacob Zuma », car selon lui « elle a été manifestement établie pour enquêter spécifiquement sur moi ».
S’il ignore la convocation de la Commission après la récente décision de la Cour constitutionnelle, Jacob Zuma risque une peine pouvant aller jusqu’à six mois de prison et une amende, rapportent les médias sud-africains.
Borgia Kobri