L’une des urgences nationales, c’est de s’occuper de ces sénégalais, souvent victimes innocentes de problèmes fonciers récurrents qui les dépouillent de leurs terres et de leurs maisons.
En effet, l’opinion vient, encore une fois, d’être secouée par un douloureux épisode de déguerpissement et de démolition de 300 ‘’faux’’ propriétaires de maisons.
Les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux montrant un vieux au chapelet en train de pleurer, de femmes et d’enfants traumatisés à vie, sont insupportables.
Sans verser dans un sentimentalisme béat, nous sommes obligés de reconnaitre le fait que l’ambigüité des lois portant sur le foncier et la politique de l’habitat fait que ces honnêtes citoyens se font facilement induire en erreur par des spéculateurs fonciers véreux et par une administration locale souvent inexperte ou corrompue.
La Direction de Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol (DSCOS) à l’œuvre, a procédé à la destruction de ces maisons, laissant ces pauvres citoyens dans un désarroi profond.
Cette structure, créée en 2004, a justement dans ses missions, des fonctions de prévention, pour éviter justement que de pareilles situations ne se produisent.
Malheureusement, au Sénégal, depuis les années 90 et même bien avant, on détruit des maisons parce que, les gens auraient l’outrecuidance de construire là où il ne le faut pas.
Si certains sont bien conscients d’être en porte à faux avec la loi, ceux qui sont désabusés sont les plus nombreux. Les drames de ce genre se multiplient. La cité Tobago, les déguerpis de Terme Sud pour ne citer les cas les plus récents, rendent compte d’un malaise réel auquel sont confrontés les populations.
Si à Ouakam, Macky a décaissé 800 millions pour les impactés, rien n’a été décidé à Thiès, dans ce quartier Mbour 4 hormis les promesses du Maire Talla Sylla de s’en référé à qui de droit.
Il n’est pas rare en effet que des gens qui ont construit leurs maisons grâce à des prêts, de longues années de sacrifice à l’extérieur du pays, se retrouvent dans un galimatias juridique qui leur prive de leurs maisons.
La politique de l’habitat est à l’image de la politique foncière : Peu de gens y comprennent grand-chose. Et les titres obtenus ne mettent pas leurs détenteurs à l’abri de ces genres de situations désobligeantes.
Il urge, alors, de la part de toutes les autorités concernées, d’harmoniser la législation, de faciliter les procédures et de mettre en œuvre une réelle stratégie de communication afin d’éviter aux populations, ces genres de désagréments.
Il est important, par ailleurs, que les responsabilités soient situées et que les coupables d’arnaque portant sur la terre soient identifiés et punis.
Nous n’ignorons pas que beaucoup d’entre eux finissent en prison, mais, l’impression qui se dégage est que les peines ne sont pas forcément dissuasives.
Et pour éviter qu’ils ne recommencent ou que d’autres continuent les manœuvres frauduleuses, il faudra bien leur exiger le remboursement des sommes escroquées et le payement de dommages et intérêts.
En somme, il faudra leur appliquer toute la rigueur de la loi y compris la contrainte par corps.
Aujourd’hui, nombre de ceux qui ont des parcelles à usage d’habitation ou des terres à usage agricole subissent le cauchemar d’un risque d’expropriation.
A Ndengler, cette année, il a fallu l’arbitrage de l’Etat pour trouver une solution qui n’a été que temporaire.
Pourtant, il existe bel et bien des voies et moyens de stopper l’hémorragie par une politique foncière adéquate.
L’application des travaux de la Commission nationale de réforme foncière en est une.
En tout état de cause, il faudra aussi, une bonne politique d’habitat et ce n’est pas impossible.
Mais, c’est parce que l’Etat a tendance à laisser faire que les forts écrasent les faibles en usant de subterfuges multiples.
Malheureusement, si l’on n’agit pas dans le sens de la rigueur et de l’équité, il n’est pas exclu que ces problèmes, récurrents, soient à l’origine de violents conflits sociaux.