Chronique de WATHIE
Maintenant que Serigne Mbaye THIAM, qui avait annoncé la disparition, dit que Diary SOW est réapparue, à travers des « tonton je suis partie mais je suis toujours là », revenons à Macky SALL et aux coups de pied qu’il donne à la démocratie sénégalaise. Si la piètre prestation d’Antoine DIOME, qui s’essaie à la politique politicienne, a fait marrer beaucoup de juristes, l’arrestation de Boubacar SEYE fait moins rigoler et met en exergue un régime aux abois, protégeant les délinquants et tentant de réduire au silence les lanceurs d’alerte.
Un véritable camouflet ! Si le ridicule tuait au Sénégal, les autorités allaient illico sortir Boubacar SEYE de prison après lui avoir présenté leurs plates excuses. En effet, en publiant la « Liste des Projets financés au Sénégal par le Fonds fiduciaire d’urgence (FFU) de l’Union européenne », la Délégation de l’UE au Sénégal s’immisce indirectement dans l’affaire et déshabille totalement le régime en mettant en exergue la mauvaise foi et la roublardise de ses tenants.
« Au Sénégal, le Fonds Fiduciaire d’Urgence a permis l’opérationnalisation de ce partenariat à travers 18 programmes, dont 10 nationaux et 8 régionaux pour un montant total de 198 millions d’euros (près de 130 milliards FCFA) », indique le document de la représentation de l’Union européenne en date du 22 janvier 21. Tout est dans le timing. Moins de 72 heures après le placement sous mandat de dépôt du président de l’ONG Horizon sans frontières, poursuivi pour «diffusion de fausses nouvelles», l’Union européenne confirme Boubacar SEYE. Mieux, après avoir mis la barre beaucoup plus haut, Boubacar SEYE n’avait parlé que de 118 milliards, elle liste les différents projets preuves de l’infamie.
Ainsi, du Projet intitulé « Appui à la réduction de la migration à travers la Création d’Emplois Ruraux au Sénégal, par la mise en place de fermes agricoles villageoises et individuelles dans des régions à haute potentialité migratoire », a celui dit « d’appui à la réduction de l’émigration rurale dans le bassin arachidier – PARERBA », en passant par le programme « Développer l’emploi au Sénégal: renforcement de la compétitivité des entreprises et de l’employabilité dans les zones de départ », pour ne citer que ceux-là, des milliards ont été donnés, plus de 130 milliards FCFA selon l’Union européenne, pour pousser le gouvernement à entretenir sa jeunesse. A la place de véritables projets, Macky SALL écoule des illusions et refuse qu’allusion soit faite à ses forfaits.
Où sont passés les 20 millions d’euros débloqués, en mars 2017, par l’Agence Espagnole de Coopération Internationale au Développement pour un Programme dont « l’Objectif Spécifique est de contribuer à la création d’emplois et de richesse dans les régions les plus susceptibles à l’émigration à travers l’aménagement des terres par des fermes agricoles Natanguées et par l’accompagnement technique et la formation des agriculteurs ? Qui peut dire que cet argent a servi à la création de 30 fermes villageoises et de 170 fermes comme c’était prévu ? Les réponses sont aussi à chercher dans l’Agence nationale Retour Vers l’Agriculture (REVA) créée en novembre 2006 par Abdoulaye WADE qui avait Macky SALL comme Premier ministre. « Son objectif majeur est de lutter contre le phénomène de l’émigration clandestine et l’exode rural par la fixation des populations dans leurs terroirs et l’augmentation significative des productions et des revenus », expliquait le rapport de présentation du Décret n° 2006-1336 du 29 novembre 2006. La suite est connue. Les milliards des Espagnols se sont volatilisés, l’exode rural a continué tout comme l’émigration clandestine. L’élève a réédité le coup.
Ce que le régime reproche à Boubacar SEYE, il n’a pas eu le courage de l’en accuser publiquement. Le nombre de Sénégalais victimes de l’émigration clandestine, que la presse et les réseaux sociaux tiennent du président de l’ONG Horizon sans frontières, est considéré par le Pouvoir comme un secret dont la divulgation est passible d’une humiliation d’Etat. Bougazelli, le député pris en flagrant délit de trafic de faux billets, peut être pardonné. Mais point d’indulgence pour Boubacar SEYE, qui se bat pour le bien-être des Sénégalais de l’extérieur. C’est l’apogée des délinquants.
En se mobilisant pour réclamer la libération du mis en cause injustement, les acteurs de la société civile se détournent de la litanie débitée, lundi dernier, par le ministre de l’Intérieur qui interroge sur la rapide mutation des juristes au contact du leader de l’APR. Car, celui qui a dernièrement diffusé de fausses nouvelles au Sénégal, c’est bien Antoine DIOME qui a contredit son propre arrêté ministériel.
Nos pensées vont en ce moment vers Jean Maïssa DIOP. Le doyen dont la plume a inspiré tant de générations s’en est allé, ce dimanche 24 janvier 2024. Que le Tout-Puissant l’accueille au Paradis. Amen !