En visite au Sénégal, Emmanuel Macron s’est rendu à Saint-Louis, ville menacée par l’érosion côtière. Le président a promis 15 millions d’euros pour faire face à la montée des eaux.
Une foule impressionnante a accueilli samedi à Saint-Louis du Sénégal le président français Emmanuel Macron, qui a annoncé une aide de 15 millions d’euros pour lutter contre l’érosion côtière qui menace la ville, auxquels s’ajouteront 24 millions d’euros débloqués par la Banque Mondiale. Emmanuel Macron a également annoncé une aide de 25 millions d’euros pour la préservation et la rénovation du patrimoine historique de l’ancienne capitale de l’Afrique-Occidentale française et du Sénégal.
L’assaut des vagues a déjà obligé 200 familles de Saint-Louis à déménager, soit environ 2000 personnes, et à terme ce sont près de 10 000 qui devront être relogées, selon Louise Cord, directrice Sénégal de la Banque Mondiale.
Samedi matin, des dizaines de milliers d’habitants ont envahi le centre de cette ville de pêcheurs du nord du pays, à l’embouchure du fleuve Sénégal, qui fut le premier établissement fondé au sud du Sahara par la France au XVIIe siècle, ont constaté des journalistes de l’AFP. Arrivé en avion de Dakar, où il participait la veille à une conférence sur l’éducation, Emmanuel Macron, 13 ans après la dernière visite de son prédécesseur Jacques Chirac, était accompagné à Saint-Louis de son homologue sénégalais Macky Sall.
Les épouses des deux présidents étaient également du voyage, dernière étape de la visite officielle du président français au Sénégal. Massés sur plusieurs rangs, les habitants ont salué les deux présidents lors de leurs différents arrêts avec de chants de bienvenue, des portraits des deux présidents et de leurs épouses, des banderoles et des drapeaux français et sénégalais.
Après avoir annoncé vendredi la hausse de l’engagement français dans le Partenariat mondial pour l’éducation (PME) à 200 millions d’euros, contre 17 millions précédemment, Emmanuel Macron a indiqué que l’Agence française de développement (AFD) allait débloquer 15 millions d’euros pour la construction «en un an» de murs pour protéger les habitants de la Langue de Barbarie. Cette somme devra aussi servir à la construction d’une longue digue dans la partie sud de cette étroite bande de sable d’une trentaine de kilomètres de long qui protège la ville mais qui est rongée par l’érosion.
« On ne pourra pas arrêter la mer »
Autrefois d’un seul tenant, la Langue de Barbarie a été sectionnée par le creusement en 2003 d’un canal destiné à évacuer les eaux du fleuve Sénégal et éviter la submersion de la ville lors des fortes pluies. Large de 4 mètres lors de son percement, ce canal s’est inexorablement élargi pour atteindre une dizaine de kilomètres, modifiant profondément l’écosystème exceptionnel de la région et menaçant l’activité économique de la ville.
Aux côtés d’Emmanuel Macron, le président de la Banque Mondiale, Jim Yong Kim, a pour sa part dévoilé un plan de financement de 30 millions de dollars (24 millions d’euros) pour reloger 900 familles, soit environ 10 000 personnes, vivant dans les quartiers de pêcheurs les plus touchés.
A plus long terme, l’institution basée à Washington a lancé une étude pour tenter de trouver une solution plus durable face à la montée des eaux. La construction de digues promises par la France devrait donner le temps aux familles de déménager. «Ils devront partir à terme, on ne pourra pas arrêter la mer», a déclaré à l’AFP Laurence Hart, directrice Sénégal de l’AFD. Le maire de Saint-Louis, Mansour Faye, avait alerté Emmanuel Macron sur la situation dramatique de sa ville lors du One Planet Summit du 12 décembre.
Ces menaces, qui conjuguent l’élévation du niveau de la mer et à l’accélération des occurrences de forte houle, sont liées au réchauffement climatique, a souligné Emmanuel Macron.
Fendant la foule dans une voiture décapotable roulant au pas, debout aux côtés de Macky Sall, le président français s’est ensuite rendu sur la place Faidherbe, qui porte le nom du plus connu des gouverneurs français du Sénégal, à la fin du XIXe siècle.
Fondée en 1659, Saint-Louis a été la tête de pont de la conquête coloniale française au sud du Sahara. La ville fut ensuite la capitale de l’Afrique-Occidentale française (1895-1902) et celle du Sénégal jusqu’en 1957. Les façades décrépies du coeur historique et les murs fissurés de sa cathédrale soulignent son déclin ces dernières années. Le gouvernement sénégalais a lancé des programme de réhabilitation de ce patrimoine classé par l’Unesco, dont les résultats tardent toutefois à se concrétiser. Emmanuel Macron a annoncé une enveloppe de 25 millions d’euros pour «la cathédrale, les maisons, la place Faidherbe».
ParisMatch