Les incidents se sont multipliés ces dernières semaines entre le Soudan et l’Ethiopie concernant la région frontalière d’Al-Fashaqa, habitée par des agriculteurs éthiopiens et revendiquée par Khartoum. Des renforts militaires soudanais ont été déployés sur fond d’accusations d’incursions éthiopiennes.
A l’issue d’une réunion d’urgence de son Conseil de sécurité et de défense tenue le dimanche 17 janvier, le Soudan a appelé l’Ethiopie à « retirer ses forces » des zones qu’elles occupent dans la région d’Al-Fashaqa, au cœur d’un conflit frontalier qui dure depuis des années entre les deux pays.
« Malgré la mobilisation militaire de l’Ethiopie, nous confirmons que nos forces resteront présentes à Al-Fashaqa afin de préserver la souveraineté stipulée dans les chartes et accords qui affirment le droit du Soudan sur ces terres », a déclaré le ministre soudanais de la Défense, le lieutenant général Yassin Ibrahim Yassin, dans un communiqué de presse.
Appelant par la même occasion, l’Ethiopie « à retirer ses forces des positions toujours occupées de Marghad, Khor Hamar et Qatar (dans la région d’Al-Fashaqa) dès que possible, conformément aux traités internationaux et pour des relations durables de bon voisinage ».
La tension est montée d’un cran ces dernières semaines entre les deux pays à propos de la région frontalière d’Al-Fashaqa, habitée par des agriculteurs éthiopiens qui cultivent des terres fertiles revendiquées par le Soudan.
Jeudi, les autorités soudanaises ont interdit le survol de cette zone frontalière après avoir déclaré qu’un avion militaire éthiopien avait violé l’espace aérien du Soudan dans une « escalade dangereuse et injustifiée ». Des allégations démenties vendredi par le chef d’état-major de l’armée éthiopienne, le général Berhanu Gula.
La semaine dernière, le Soudan a affirmé qu’au moins cinq personnes ont été tuées dans des attaques à la frontière par des milices soutenues par le gouvernement éthiopien et qu’il utilisera tous les « moyens disponibles » pour répondre.
Plus tôt au mois de décembre dernier, le Soudan a accusé les « forces et milices » éthiopiennes d’avoir tendu une embuscade aux troupes soudanaises le long de la frontière, faisant quatre morts et plus de 20 blessés. Un incident qui a occasionné l’envoi d’un grand nombre de renforts militaires soudanais à la frontière avec l’Ethiopie pour « récupérer ses terres usurpées par les milices éthiopiennes ».
S’exprimant au cours d’une cérémonie samedi, le président du Conseil souverain du Soudan, le lieutenant-général Abdel-Fattah al-Burhan (photo, à droite), a déclaré que son pays ne voulait pas déclencher la guerre contre son voisin, l’Ethiopie, et il n’a aucun intérêt à entrer en guerre avec l’un des pays voisins. Soulignant que le Soudan veut préserver ses droits sur ses frontières.
Dans une déclaration faite vendredi à la presse, le chef d’état-major de l’armée éthiopienne, le général Berhanu Gula, a déclaré qu’Addis-Abeba « n’a aucun intérêt à entrer en guerre avec le Soudan ». Ajoutant que si l’armée éthiopienne entrait en guerre, « nous ne nous cacherions pas ».
Le commandant de l’armée éthiopienne a ajouté qu’« un petit groupe au sein du gouvernement soudanais travaille au profit d’une tierce partie et se tient derrière les incursions ».
La région d’Al-Fashaqa est frontalière à celle du Tigré en Ethiopie où le gouvernement éthiopien mène une campagne militaire contre le TPLF depuis novembre. Un conflit qui a provoqué l’exode de plus de 45 000 réfugiés éthiopiens vers le Soudan d’après les Nations unies.
Borgia Kobri