La grippe aviaire découverte à Pout a entraîné la mort de 580.000 pondeuses, l’abattage de 42000 sujets et la destruction de 2723 œufs. Craignant une possible contamination, des aviculteurs optent pour la prudence en attendant de plus amples informations. Les vétérinaires conseillent la restriction des entrées dans les poulaillers et fermes.
Avec le vent frais et poussiéreux, Modou Diouf qui était presque tout le temps sur la terrasse à côté de sa case consacrée à l’aviculture, s’est réfugié dans sa chambre à Lansar. Couvert d’un lourd drap, le trentenaire passionné d’élevage aborde en cette matinée, la question de la grippe aviaire découverte, le 30 décembre dernier, dans une ferme à Pout. Sur un effectif de 100.000 pondeuses, 58.000 en sont morts. Pour éviter toute propagation, les services du ministère de l’Elvage et des productions animales ont abattu 42.000 sujets restants et détruits 2723 œufs contaminés. Modou en a eu vent la semaine dernière grâce à un groupe Whattsap regroupant des acteurs de l’aviculture. «C’est une situation assez complexe. Nos camarades ont tenu à attirer notre attention. La prudence s’impose en attendant d’y voir plus clair», dit-il, montrant un congélateur rempli de poulets déjà emballés. Avec la grippe aviaire, il craint de ne pas pouvoir recevoir de nouveaux poussins. «Normalement je devais recevoir une nouvelle vague de poussins mais je préfère suivre l’évolution de la situation en écoulant les 130 poulets conservés», confie-t-il.
Le coup est déjà parti pour Adama Mandiang. Le 03 janvier dernier, le jeune homme a débuté une nouvelle campagne avec 300 sujets. En maillot vert et blanc de l’Asc Entente Tivaouane Lansar (Etl), il mène une visite guidée de son enclos. Assailli par les piaillements des poussins d’une quinzaine de jours, il joue des mains pour retirer les mangeoires vides que l’un de ses collaborateurs, Ibrahima remplit d’aliments. Ce groupe d’aviculteurs ne semble pas trop s’inquiéter de la grippe découverte dans une ferme à Pout. «Pour le moment tout va bien. Les sujets ne laissent paraître aucun signe de faiblesse. Je me fie à mon expérience dans le milieu et à l’observation», avise Adama, appuyé par Ibrahima. «Ils ne sont pas grippés», rigolent-ils.
Les vétérinaires s’investissent dans la sensibilisation
Pris de panique, Mor Fall s’est rapproché de son vétérinaire pour savoir la conduite à tenir et les mesures à adopter. Pour lui, il n’est pas question d’exposer ses poussins au risque de perdre près de 400.000 FCfa d’investissement. «Mon vétérinaire m’a assuré que les premiers cas enregistrés concernent pour le moment la région de Thiès, à Pout. A la moindre alerte, j’irai le voir», confie l’aviculteur.
A côté du bassin de rétention de Diacksao, le docteur vétérinaire Aissata Sané et son équipe constituée de deux autres professionnels rangent pierres vitaminées, gélules et boites dans les rayons. Pour le moment, la seule information dont ils disposent est que la maladie est localisée à Pout. «Nous ne pouvons pas dire avec certitude que Dakar est touchée», déclare Aïssata, en blouse verte, foulard blanc sur la tête. Ainsi, elle s’engage dans la sensibilisation avec ses confrères. «Nos confrères imprégnés de la question nous ont conseillés de sensibiliser les aviculteurs. J’ai demandé à tous ceux qui sont venus me voir de prendre des mesures préventives en restreignant les entrées dans les poulaillers mais aussi de se rapprocher des experts à la moindre alerte», conseille Dr Aissata Sané.
«Nous demandons aux professionnels de continuer la production»
L’inquiétude des aviculteurs est justifiée selon le président de l’Association des aviculteurs du Sénégal (Avisen), Amadou Mactar Mbodji. Cependant, il assure que l’essentiel a été fait pour contenir la maladie. « Toutes les mesures ont été prises à Pout en déroulant le plan de contingence établi depuis 2006. Les sujets malades ont été abattus. L’environnement immédiat a été décontaminé. Les tests effectués pour tous les membres du personnel ont été négatifs », dit-il. Le président d’Avisen appelle les professionnels de l’aviculture à poursuivre la production en filtrant les entrées dans les fermes. «Je tiens à rassurer les professionnels en leur demandant de continuer la production et d’approvisionner le marché en prenant des mesures de bio sécurité telles que la restriction des entrées dans les fermes et l’implication des docteurs vétérinaires. De notre côté, nous avons entamé des opérations de sensibilisation envers les acteurs de l’aviculture et les consommateurs», a ajouté Amadou Mactar Mbodji.