L’érosion côtière concerne 70% du littoral dans la région de Dakar. C’est l’une des conclusions d’une étude réalisée par le docteur Papa Wally Bakhoum. Le chercheur a démontré que la mer a gagné 64,66 mètres sur le continent entre 1.954 et 2.015.
Le littoral de Dakar est vulnérable à l’érosion côtière. Une étude réalisée par le docteur Papa Wally Bakhoum, dans sa thèse de doctorat, a conclu à un risque élevé de submersion marine et d’érosion côtière. L’indice de vulnérabilité est de 36 % pour les zones de Malika, Tivaouane-Peulh, Niaga, Hann, Thiaroye, Mbao, Rufisque, Minam et Sendou. Par contre, cet indice est de 29 % pour les zones de Déni Guédji, Guédiawaye, Parcelles assainies, Cambérène, Golf, Bargny et Yène. En plus, l’étude a montré que le risque de vulnérabilité est faible à Yoff, aux Almadies, à Ouakam, Fann, Médina, Dakar-Plateau et Touba Dialaw.
En somme, le littoral de Dakar a perdu 64,66 mètres entre 1.954 et 2.015 à un rythme compris entre, au moins, 1,06 m/an à environ 0,04 m/an. Le chercheur a travaillé sur « Étude de la vulnérabilité de la région de Dakar face à l’élévation du niveau de la mer ».
Outre la vulnérabilité physique, l’étude s’est aussi intéressée à la vulnérabilité socioéconomique de la côte sénégalaise de la région de Dakar. Les résultats renseignent que 10% du littoral présentent une sensibilité socioéconomique élevée (zones de Hann, Dalifort, Thiaroye, Mbao et Rufisque), 85% une sensibilité socioéconomique modérée (de Niaga peulh à Fann-Hock, puis de Rufisque à Toubab Dialaw) et 5% présente une sensibilité socioéconomique faible (Déni Guèdj et Niaga peulh). Il est également ressorti de l’étude que la Petite côte est moins résiliente que la Grande Côte à la vulnérabilité socioéconomique à cause de la concentration des populations et des activités économiques et non à cause de ses forts indices côtiers de vulnérabilité.
En plus de la cartographie des vulnérabilités, l’étude a essayé de fournir les causes du recul du trait de côte. Sur la Grande Côte de Dakar, la perte des sédiments est liée à la coupe de filaos ou leur âge, à l’extraction du sable marin. Selon une étude antérieure réalisée en 2012 citée par Papa Wally Bakhoum, les pieds de filaos âgés de plus de 40 ans ont un rôle moindre dans la fixation des dunes, dans la stabilisation du cordon littoral.
Confirmation de l’importance des filaos
« Dès lors, une réimplantation de la bande de filaos s’impose pour atténuer cette érosion, car l’espèce Casuarina equisetifolia (filao) connaît aussi des difficultés de régénération à cause de la litière acide, impropre à la germination des graines de filao », a indiqué l’auteur de l’étude, selon qui le filao reste une espèce privilégiée pour la protection des dunes de sable marin, pour ses capacités importantes de piégeage de sédiments si les plants sont bien disposés et leur réseau de racines bien développé. Le docteur Papa Wally Bakhoum a ajouté que cette espèce a une grande tolérance aux embruns et sa croissance en hauteur très rapide. Il a égrené les avantages de cette espèces dans un milieu assez hostile sujet à l’accumulation de sables, températures élevées, vents, abrasion, grande intensité de lumière, faiblesse des pluies et submersion périodique par l’eau salée. « Nos conclusions sont en conformité avec celles de Ngom (2012) qui affirme que la bande littorale de filaos des Niayes fait partie des mesures de protection les plus réussies et qu’il faut tout simplement l’améliorer et l’entretenir, car en l’absence de ces filaos dégradés ou atteignant leur limite d’âge, l’érosion devient de plus en plus importante », a déduit le docteur Bakhoum qui a été encadré par les professeurs Isabelle Niang de la Faculté des sciences et techniques et Amadou Tahirou Diaw de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, tous de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
« Le Soleil »