En Tanzanie, le projet de terres rares Ngualla peut livrer annuellement 37 200 tonnes de concentré de terres rares sur plus de 20 ans. Ce potentiel a suscité il y a quelques années l’intérêt du chinois Shenghe, qui a acquis près de 20 % d’intérêts dans la société australienne qui pilote le projet.
Shenghe Resources a signé un accord de fusion-acquisition pour prendre le contrôle de Peak Rare Earths, propriétaire australien du projet de terres rares Ngualla en Tanzanie. L’opération, valorisée à 150,5 millions de dollars australiens (96,6 millions $), doit se faire par le biais d’une procédure australienne de rachat d’entreprise.
Déjà actionnaire à hauteur de 19,86 % de Peak, Shenghe détient également un droit de préemption sur la production de Ngualla. Ce dernier est l’un des plus avancés d’Afrique, avec une capacité annoncée de 37 200 tonnes de concentré de terres rares par an, sur plus de 20 ans.
Si la transaction est validée, les actionnaires de Peak recevront 0,359 dollar australien par action en espèces, soit une prime de 199 % par rapport au cours du 9 mai. L’acquisition, qui inclura également les fonds levés via une augmentation de capital de 7,5 millions de dollars australiens, doit encore obtenir l’approbation des actionnaires de Peak (en septembre 2025), ainsi que l’aval des autorités réglementaires australiennes, chinoises et tanzaniennes.
Selon l’USGS, la Chine a représenté 69 % de la production mondiale de terres rares. Cette domination est un atout commercial et géopolitique pour Pékin, dans sa rivalité avec les Etats-Unis notamment. Le 4 avril dernier, le gouvernement chinois a par exemple imposé des restrictions à l’exportation sur sept éléments de terres rares, en réponse à l’augmentation des droits de douane du président américain Donald Trump visant l’empire du Milieu.
En parallèle, l’acquisition de projets étrangers comme Ngualla permet à la Chine de contrôler aussi une partie des autres sources d’approvisionnement. L’Afrique qui abrite d’importants gisements en Afrique du Sud, en Namibie, en Angola et en Ouganda, s’impose comme une zone stratégique dans cette offensive.
Dans cette optique, des entreprises chinoises pourraient davantage s’intéresser aux projets africains de terres rares, ce qui peut renforcer la concurrence entre puissances autour de ces gisements. Sur le continent, les États-Unis et l’Union européenne ont multiplié les initiatives pour sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement en minerais critiques, notamment via des partenariats bilatéraux ou des soutiens à des projets portés par des compagnies occidentales. Reste aux États africains de s’assurer que cette compétition internationale se traduise par des retombées concrètes en matière de valeur ajoutée locale, d’emplois et de souveraineté minière.