Le pape François est décédé ce lundi de Paques 21 avril. À la mort du pape, démarre ce que l’on appelle une période d' »interrègne », période où le Saint-Siège, le siège du pape évêque de Rome, est déclaré vacant (en latin « sede vacante »), qui va durer jusqu’à la désignation d’un nouveau Souverain pontife à l’issue du conclave et de son élection par les cardinaux.
Cette période de durée très variable – 17 jours entre la mort de Jean-Paul II et l’élection de Benoît XVI en avril 2005, 13 jours entre la renonciation de Benoît XVI et l’élection de François en mars 2013 – est régie par le droit canonique, la Constitution apostolique « Universi Dominici gregis » de Jean-Paul II (1996) et des lois particulières du Vatican qui encadrent le gouvernement de l’Eglise en l’absence d’un pape.
Sans pape qui dirige l’Eglise ?
Le Vatican, Etat politique et religieux, est alors administré par un cardinal particulier, le cardinal camerlingue (ici le cardinal irlandais Kevin Farrell, 77 ans, désigné à ce poste par François en 2019), membre de la Curie, en charge des biens matériels de l’Eglise. Il joue d’ailleurs un rôle particulier dans toute cette phase de succession : c’est lui qui est appelé à constater officiellement la mort du pape et qui informe les autorités ; c’est lui qui brise son anneau et son sceau pour signifier la fin du règne et qui ferme les appartements du pape défunt.
Le cardinal camerlingue est assisté de trois autres cardinaux assistants, tirés au sort parmi les présents, ce qui constitue ce que l’on appelle la « congrégation spéciale » en charge de prendre les mesures de gestion du quotidien et d’expédier les « affaires courantes ». Pour une durée moyenne de 3 jours.
Le gouvernement habituel de l’Eglise, la Curie romaine, voit, elle, ses activités suspendues. De manière générale, ne peuvent plus être prises que des décisions de gestion courante ou des décisions urgentes imposées par la situation, le reste est différé jusqu’à l’élection du pape et l’installation d’une nouvelle administration. Si des mesures imprévues doivent être prises, le camerlingue doit alors faire appel au Collège des cardinaux qui progressivement arrivent à Rome à l’annonce du décès du pape.
Des réunions entre cardinaux
Les cardinaux se réunissent ainsi en « congrégations générales », sur convocation du doyen du Collège qui les préside (ici le cardinal italien Giovanni Battista Re, 91 ans, élu doyen en 2020) ; sont ainsi rassemblés les cardinaux, électeurs ou non (à partir de 80 ans ils ne peuvent plus voter pour choisir le pape lors du conclave).
Des réunions quotidiennes, parfois deux fois par jour. En 2013, il y eut 10 réunions, 160 interventions de cardinaux. A huis clos et avec l’obligation du secret des délibérations. Des réunions importantes qui permettent aux cardinaux, venus d’horizons très différents et avec des parcours très variés, de se connaître enfin un peu, de débattre des « grands dossiers » et défis de l’Eglise, d’envisager le profil et les qualités du futur pape à élire.
On sait que ces débats peuvent permettre à l’un ou l’autre candidat de se distinguer : ainsi en 2013, un certain cardinal Jorge Mario Bergoglio (futur pape François) s’était fait remarquer par ses prises de paroles en « congrégations générales », ce qui lui aurait permis de s’attirer faveurs et votes en conclave peu après… D’où le fait que l’on parle parfois de pré-conclave.
Durant ces discussions, sont aussi définis le déroulement des funérailles du pape ou la date de convocation du futur conclave (théoriquement 15-20 jours après le décès). Les cardinaux ensemble peuvent aussi prendre des décisions, compensant en collégialité l’absence de pape. Les votes se déroulent alors à la majorité des voix, à bulletin secret.
À noter que les autorités du Saint-Siège émettent timbres et monnaies, très courus des collectionneurs, pour cette période si particulière du « sede vacante« .