Le numérique, moteur de transformation économique en Afrique, a occupé le devant de la scène lors de la Conférence internationale sur la fiscalité de l’économie numérique, qui s’est ouverte ce mardi à Dakar. À l’initiative de la Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF), cette rencontre de haut niveau a réuni des responsables publics, experts et partenaires internationaux venus de tout le continent.
Cheikh Diba, ministre sénégalais des Finances et du Budget, a ouvert la conférence en soulignant l’essor fulgurant de l’économie numérique : « En 2023, le Forum économique mondial a indiqué qu’elle croît à un rythme 2,5 fois supérieur à celui de l’économie traditionnelle. Elle représente désormais plus de 15 % du PIB mondial », a-t-il rappelé.
Avec une jeunesse majoritairement connectée, un taux de pénétration d’Internet en constante progression (27 % en 2023) et des transactions en mobile money atteignant 1105 milliards de dollars, l’Afrique dispose d’un terrain fertile pour exploiter les richesses du numérique. Mais le ministre met en garde : « L’accès limité à l’électricité, l’ampleur des flux financiers illicites et l’absence de cadre fiscal harmonisé freinent notre marche vers une souveraineté numérique. »
À l’image du Sénégal, qui a instauré en 2023 une taxe sur les services numériques (DST), M. Diba a appelé les pays africains à adopter une fiscalité adaptée à l’ère numérique et à promouvoir une vision panafricaine cohérente. Il plaide également pour un renforcement des infrastructures, de la formation et de la coopération avec des institutions comme l’OCDE et l’ONU.
De son côté, Mamadou Bitèye, secrétaire exécutif de l’ACBF, a souligné l’urgence de préparer les administrations fiscales africaines à l’évolution rapide des modèles économiques liés au numérique : « La digitalisation crée de nouvelles formes de valeur. Il faut que nos États soient prêts à les capter. »
Jean Koné, directeur général des Impôts et Domaines du Sénégal, a révélé que la mise en œuvre de la TVA sur les services numériques a déjà rapporté plus d’un milliard de francs CFA en un an, tout en reconnaissant que l’objectif était plus ambitieux.
Cette conférence marque un tournant dans la manière dont l’Afrique veut aborder sa transformation digitale : en plaçant la fiscalité au cœur de ses priorités pour une économie plus équitable et souveraine.