À l’occasion du deuxième Salon des industries africaines, le directeur des Petites et moyennes entreprises (PME) au ministère de l’Industrie et du Commerce, Henry Carvalho, a réaffirmé l’engagement des autorités sénégalaises à faire renaître le tissu industriel national. Un objectif ambitieux qui passe par la réouverture d’unités industrielles fermées, le soutien accru aux PME/PMI, et la création de nouvelles industries innovantes.
« L’ambition du ministère du Commerce aujourd’hui, c’est de rouvrir le maximum possible d’unités fermées, de densifier le tissu existant, de supporter les PME et PMI, mais aussi de créer de nouvelles industries », a déclaré M. Carvalho.
Le salon, dédié à la souveraineté industrielle du continent africain, met cette année à l’honneur le Sénégal, la Guinée et le Gabon. Le thème – « Comment la technologie réinvente l’agriculture, les mines, le pétrole et l’économie bleue en Afrique » – résonne pleinement avec les réformes structurelles engagées par le Sénégal.
Redonner vie aux fleurons de l’industrie
Selon une étude commanditée par le ministère à l’arrivée du ministre Serigne Guèye Diop, plus de 200 entreprises industrielles sont actuellement à l’arrêt. Des noms emblématiques comme Bata ou Sotiba font partie des fleurons que le gouvernement souhaite relancer. Ce diagnostic a renforcé la volonté de restructurer et moderniser l’industrie nationale, longtemps freinée par une faible répartition géographique et un accès limité aux ressources énergétiques.
« Nous avons une industrie pas trop développée et très mal répartie sur le territoire. Il est temps d’inverser cette tendance », souligne Carvalho.
Le pari du gaz : énergie bon marché pour relancer la compétitivité
Le Sénégal entend aussi capitaliser sur ses ressources gazières et pétrolières pour alimenter une nouvelle dynamique industrielle. À travers les initiatives gas-to-power et gas-to-industry, l’État ambitionne de réduire le coût de l’énergie pour les ménages comme pour les industriels. Un levier crucial dans un pays où l’électricité et le carburant restent très onéreux, pesant lourdement sur la rentabilité des entreprises.
« Le gas-to-industry va permettre de renforcer la compétitivité de nos PME et PMI », affirme Carvalho.
Freins structurels et pari numérique
Mais la relance industrielle ne peut se faire sans s’attaquer aux obstacles systémiques. Roger Thiam, directeur de l’économie numérique et des partenariats au ministère de la Communication et des Télécommunications, a listé plusieurs défis : prédominance du secteur informel, difficultés d’accès au crédit, pertes agricoles massives faute de logistique, et sous-emploi massif des jeunes diplômés.
Face à ces défis, Thiam a mis en avant le rôle central du New Deal technologique, une stratégie qui vise à porter la contribution du numérique de 5 % à 15 % du PIB d’ici 2035.
« L’ambition est de faire passer la valeur du numérique de 800 milliards à 2500 milliards de FCFA en dix ans », a-t-il affirmé.
Vers une souveraineté industrielle et numérique
Entre réindustrialisation, transition énergétique et digitalisation, le Sénégal semble vouloir bâtir une souveraineté économique fondée sur l’innovation, la valorisation des ressources locales et l’intégration des jeunes talents. Le défi reste immense, mais les jalons sont posés pour faire du pays un acteur industriel et technologique majeur du continent.