Dans un contexte de développement accéléré de l’industrie pétrolière et gazière, des acteurs clés de la société civile sénégalaise ont été formés à la gestion des émissions de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement nocif. L’atelier de deux jours, organisé par l’Institut national de gouvernance des ressources (NRGI), a permis de doter ces acteurs d’outils concrets pour influencer les politiques publiques de manière constructive.
« L’objectif est clair : faire en sorte que la société civile ne soit plus spectatrice, mais actrice du changement », a déclaré Aïda Diop, responsable de NRGI, à la clôture des travaux. Elle a souligné l’urgence de cette initiative, rappelant que le méthane est 26 à 80 fois plus puissant que le CO₂ en termes de potentiel de réchauffement à court terme.
À l’heure où le Sénégal s’apprête à réviser sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) et à appliquer un nouveau décret environnemental, l’implication de la société civile devient stratégique. Pour Mme Diop, il est indispensable de « mettre en place un plaidoyer structuré, appuyé par des mécanismes de gouvernance incluant incitations et sanctions efficaces ».
Une réglementation encore floue
Malgré des avancées, le cadre juridique sénégalais reste incomplet. Aïda Diop a pointé l’absence d’une réglementation spécifique sur les émissions de méthane, un vide qui pourrait compromettre les ambitions environnementales du pays. Elle insiste sur le rôle de la société civile pour faire pression sur les entreprises afin qu’elles se conforment aux normes environnementales.
Des voix communautaires engagées
Des représentants des communautés locales, directement concernées par l’exploitation des ressources naturelles, ont salué l’initiative. Fama Sarr, secrétaire adjointe du conseil local de la pêche artisanale de Saint-Louis, a mis en avant l’importance de cette formation pour les femmes transformatrices de produits halieutiques. « Cela nous donne les moyens d’exiger que les multinationales respectent les lois du pays », a-t-elle déclaré, tout en appelant à une traduction simplifiée des guides techniques pour faciliter l’accès à l’information.
Même son de cloche du côté de Sangomar. Mamadou Diouf, porte-voix des communautés de cette zone stratégique, a estimé que cet atelier « arrive à point nommé ». « Nous n’avions aucune information sur les impacts de l’exploitation des hydrocarbures. Aujourd’hui, nous comprenons mieux les enjeux et sommes prêts à plaider pour une vraie prise en compte des émissions de gaz à effet de serre », a-t-il affirmé.
Un tournant pour la gouvernance environnementale ?
Cet atelier marque un tournant dans l’engagement de la société civile sénégalaise sur les questions environnementales, à un moment où la pression climatique s’intensifie et où le Sénégal entre de plain-pied dans l’ère des hydrocarbures.
Le défi désormais sera de maintenir cet élan, d’assurer une veille citoyenne constante, et de faire entendre les voix des communautés dans les instances de décision, afin que le développement économique ne se fasse pas au détriment de l’environnement et des générations futures.