Spécialiste en gouvernance territoriale et en politiques publiques, M. Ibrahima Djitté s’est exprimé sur la gestion des territoires. L’ancien maire de la commune de Diouboudou (Sédhiou) partage son analyse, prodigue de précieux conseils et lance un appel fort pour une mobilisation populaire en faveur d’une meilleure gouvernance territoriale, bénéfique pour les populations.
« Je ne suis pas en phase avec le Directeur général de l’Agence de Développement Local (ADL). Si c’est quelqu’un qui a réellement compris l’esprit de la réforme de l’Acte III de la décentralisation, alors il ne devrait pas prôner l’abrogation d’une entité. Car cette réforme vise justement à rendre les territoires viables et compétitifs. »
Selon lui, le nouveau gouvernement dirigé par le Président Bassirou Diomaye Faye doit inscrire son action dans cette dynamique s’il souhaite véritablement impacter le développement durable des territoires.
« Les instruments existent déjà. Il suffit simplement de les identifier, de les organiser et de s’appuyer sur des leviers solides pour faire décoller nos communes. »
M. Djitté plaide également pour une réforme approfondie et cohérente :
« La promotion des pôles territoriaux doit être intégrée dans la réforme en cours. L’un des piliers essentiels de la gouvernance territoriale est le lien entre l’action de l’État et les territoires. Il faut aussi réformer la fiscalité locale, et surtout, appliquer rapidement les nouvelles grilles pour pallier les difficultés de financement du développement local. »
Il déplore par ailleurs l’inefficacité des efforts budgétaires consentis depuis des années :
« Pendant longtemps, des ministères en charge des territoires ont budgétisé plus d’un milliard pour la mise en place de l’intercommunalité. Mais en vain. Faute d’accompagnement, dû à l’absence de décret d’application du cadre de mise en œuvre, presque aucune commune n’a pu bénéficier de ces fonds. »
C’est pourquoi il appelle à une gouvernance plus ouverte :
« Il est urgent de décloisonner la gestion des territoires pour les rendre plus viables. Les acteurs de la décentralisation attendent avec impatience l’opérationnalisation des mesures annoncées. La tutelle doit enfin donner la parole aux acteurs locaux, qui ont beaucoup à dire et à faire. Il y a trop de bureaucratie ! »
Enfin, Ibrahima Djitté interpelle sur la nécessité de coordination entre les structures étatiques :
« En dehors de l’ADL, nous avons le PNDL, la DCT, le FPT, la DCD, etc. Toutes ces structures doivent mutualiser leurs efforts et leurs ressources pour accompagner efficacement l’action de l’État au niveau territorial. »
Et de conclure :
« En tant qu’ancien maire et spécialiste en gouvernance, je ne peux pas soutenir l’idée d’abroger des entités locales pour des raisons de viabilité. Non ! Il faut plutôt unir nos forces pour trouver les moyens de financer le développement durable local. L’avenir de notre pays en dépend. »