Dans un contexte économique tendu, marqué par la flambée des prix des matériaux de construction et les défis persistants de transparence dans les marchés publics, l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) a franchi une étape stratégique ce jeudi en lançant officiellement l’Indice des Coûts des Bâtiments et Travaux Publics (IBTP). Ce nouvel outil, présenté lors d’un atelier de dissémination à Dakar, vise à offrir aux acteurs du secteur des BTP et aux décideurs publics une boussole fiable pour évaluer l’évolution des coûts.
Fruit de deux années de travail rigoureux, l’IBTP vient élargir le champ d’analyse précédemment couvert par l’Indice du Coût de la Construction (ICC), jusqu’alors centré sur les bâtiments à usage d’habitation. Désormais, l’indice couvre l’ensemble du spectre des BTP : bâtiments professionnels, ouvrages spécialisés, génie civil, forages, fondations, etc.
« Ce que nous introduisons aujourd’hui, c’est un outil stratégique qui dépasse le simple cadre statistique. Il permet une lecture fine et actualisée de l’évolution des prix dans les différents segments du BTP », a souligné Abdou Diouf, Directeur général de l’ANSD. « Cela renforce nos capacités d’analyse macroéconomique et permet aux décideurs, publics comme privés, de mieux planifier et négocier. »
L’IBTP repose sur une architecture méthodologique robuste, adaptée aux réalités du marché sénégalais. L’ANSD s’est appuyée sur l’expertise locale dans chacun des sous-secteurs de la construction pour construire un indicateur pertinent, territorialement représentatif et sectoriellement complet.
Intervenant comme partenaire institutionnel, Moustapha Djitté, Directeur général de l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP), a salué cette innovation comme un levier de rationalisation dans l’attribution des marchés publics.
« Cet indice va permettre de régler définitivement les problèmes de surfacturation dans les projets de travaux publics. Jusqu’ici, les maîtres d’ouvrage manquaient de repères objectifs. Avec l’IBTP, ils auront désormais une base fiable pour évaluer les offres. »
M. Djitté a également insisté sur la dimension régionale de l’outil : des discussions sont en cours au sein de l’UEMOA pour une harmonisation à l’échelle sous-régionale, en vue de mutualiser cet instrument à forte portée communautaire.
Bien plus qu’un simple indicateur statistique, l’IBTP s’impose comme un véritable outil de gouvernance économique. Il devrait contribuer à renforcer la transparence, améliorer la planification budgétaire, et surtout, lutter contre les dérives contractuelles dans un secteur aussi stratégique que celui du BTP.