A la différence de l’Afrique du Nord, où le blé est une culture historique profondément ancrée dans les traditions agricoles, peu de pays situés au sud du Sahara disposent des conditions biophysiques (climat et sol) favorables à une production compétitive de cette céréale. Malgré une production locale relativement faible en Afrique de l’Ouest, le blé occupe une place de plus en plus significative dans les habitudes alimentaires. Alors que le Ghana devrait franchir en 2025/2026, le cap symbolique du million de tonnes de blé importé pour satisfaire la demande sur son marché intérieur, voici les cinq pays de la sous-région qui se distinguent par un appétit croissant pour cette céréale importée.
- Nigeria
Pays le plus peuplé du continent africain, le Nigeria s’impose comme le premier importateur de blé en Afrique de l’Ouest, avec des achats de 5,8 millions de tonnes réalisés en 2024/2025. Selon les dernières projections formulées par le département américain de l’Agriculture (USDA), le pays devrait augmenter ses achats de 5 % à 6,1 millions de tonnes en réponse à la demande croissante de l’industrie pour la transformation du blé en farine et autres produits dérivés destinés à l’alimentation humaine.
Au Nigeria, comme dans la majorité des pays de la région, environ 70 % de la farine de blé produite est utilisée pour la fabrication du pain. Le reste de la production est consacré à la préparation d’autres produits dérivés comme les gâteaux, les biscuits, les « ball food » (aliments traditionnels sous forme de pâte) et diverses pâtisseries.

Dans le pays, l’industrie minotière, dominée par Flour Mills of Nigeria, principal acteur du marché, son compatriote BUA Group et le singapourien Olam International, dispose d’une capacité de mouture de blé estimée à environ 8 millions de tonnes par an. Ces acteurs s’approvisionnent principalement depuis les pays de l’Union européenne (UE), la Russie, le Canada et les USA.
- Ghana
Dans l’ex-Gold Coast, la consommation de blé a plus que doublé depuis le début des années 2000, atteignant 865 000 tonnes en 2024, selon l’USDA. Ce qui en fait désormais la troisième céréale consommée après le maïs et le riz.
Si le pays a dû importer 950 000 tonnes de cette céréale pour couvrir ses besoins en 2024-2025, l’organisme américain estime que ces achats devraient atteindre 1 million de tonnes au terme de la prochaine campagne de commercialisation. Cette progression, bien que légère, confirme la dynamique de croissance de la demande de blé, soutenue par l’appétit croissant pour le pain, principal produit à base de farine de blé sur le marché ghanéen, ainsi que par l’essor de la consommation de biscuits, pâtes, pâtisseries, nouilles instantanées et pizzas.

Le segment de la minoterie, qui produit la farine de blé et une grande partie de ses dérivés, est dominé par quatre grandes entreprises affichant une capacité installée totale estimée à 2 200 tonnes par jour, selon l’USDA. Les importateurs ghanéens s’approvisionnent principalement auprès du Canada, de la Turquie, de la Pologne et de la Lituanie.
- Sénégal
Avec des achats de 904 947 tonnes réalisés en 2024, le Sénégal s’impose comme le troisième importateur ouest-africain de blé. Ses importations sont le fait d’une dizaine de minoteries, dont les plus significatives par leur capacité de transformation du blé en farine sont les Grands Moulins de Dakar, Grands Moulins du sahel, MS, FKS, NMA, Olam.
Le blé importé au Sénégal provient principalement de la France, de la Russie, de la Lituanie et de la Pologne. Selon les données compilées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), cette céréale constitue le deuxième poste de dépenses en achats alimentaires après le riz, avec une facture de 171,4 milliards FCFA (290 millions $) en 2024.

- Côte d’Ivoire
La nation éburnéenne est le deuxième marché pour le blé de l’UEMOA après le Sénégal. Selon les données compilées par la Direction générale des douanes, la Côte d’Ivoire a importé en moyenne près de 690 000 tonnes de blé entre 2019 et 2023. Ce qui en fait actuellement le troisième produit agricole importé après le riz et le poisson frais.

Cette dynamique est soutenue par l’industrie minotière, principalement impliquée dans la fabrication de farine boulangère, avec une production évaluée à plus de 500 000 tonnes par an. La production est assurée essentiellement par trois entreprises, notamment les Grands Moulins d’Abidjan (GMA), Les Moulins de Côte d’Ivoire (LMCI) et les Moulins Modernes de Côte d’Ivoire (MMCI).
Le blé importé chaque année en Côte d’Ivoire par l’industrie minotière provient principalement de la France, Ukraine, Allemagne, Pologne et Lettonie.
- Mauritanie
Dernier pays ouest-africain de ce classement, la Mauritanie n’en demeure pas moins un important marché pour le blé. D’après les données compilées par la Direction générale des douanes, le pays a importé en moyenne 679 400 tonnes de blé entre 2019 et 2023. Ce qui en fait par ailleurs le 3e produit alimentaire importé en Mauritanie après les huiles et graisses alimentaires et le sucre.
Dans le pays, l’industrie minotière, représentée par des acteurs tels que les Grands Moulins de Mauritanie (GMM) et les Grands Moulins du Sahel (GMS), s’approvisionne principalement depuis l’Argentine, la France et l’Ukraine.