Au Mali, des consultations nationales ont proposé de faire passer le général Assimi Goïta de président de la transition, au rang de président de la République malienne. Cette décision mettrait fin à la transition sans les élections, dans un contexte marqué par la crise économique et les tensions sécuritaires persistantes.
Le général Assimi Goïta (photo), chef de la transition malienne depuis 2021, a été proposé mardi 29 avril 2025, comme président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable. Cela s’inscrit dans les recommandations issues de la phase nationale de la consultation des forces vives, tenue à Bamako dans le cadre de la relecture de la charte des partis politiques.
De facto, une telle manœuvre mettrait fin au processus de transition actuel, sans respecter les engagements pris par les militaires au pouvoir d’organiser des élections pour passer la main aux civils. Elle alignerait Bamako sur la trajectoire de ses partenaires de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), à savoir : le Niger où le général Abdourahmane Tiani a officiellement été investi président de la République le 26 mars dernier, et le Burkina Faso où le capitaine Ibrahim Traoré a obtenu le titre de président du Faso en 2024.
Les concertations issues de la rencontre des forces vives de la nation malienne ont débouché sur d’autres propositions visant à remodeler en profondeur le paysage politique malien. Parmi les plus marquantes : la suppression du statut de chef de file de l’opposition, l’interdiction du nomadisme politique, la suspension de toutes les élections jusqu’à la pacification du pays et le durcissement des conditions d’accès à la présidentielle, notamment une caution portée à 250 millions FCFA.
Le Premier ministre, le général Abdoulaye Maïga, a salué « des recommandations claires permettant au pays d’avancer et de tourner les pages obscures de son histoire », tout en s’engageant à les transmettre au chef de l’Etat.

Depuis sa prise de pouvoir en juin 2021, Assimi Goïta a engagé une série de réformes politiques et institutionnelles. Il a notamment initié les Assises nationales de la refondation (ANR) qui ont abouti à l’adoption d’une nouvelle Constitution le 22 juillet 2023 et la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), chargée de garantir la transparence des scrutins.
Toutefois, le calendrier de la transition a connu de nombreux retards. Initialement prévue pour s’achever en mars 2024, la période transitoire a été prolongée, après le report de l’élection présidentielle de février 2024 à une date indéterminée. En avril 2024, les autorités ont suspendu les activités des partis et associations politiques, suscitant de vives critiques. Un mois plus tard, le dialogue national a proposé une nouvelle transition de trois ans et ouvert la voie à une candidature d’Assimi Goïta.
La Loi de finances 2025 prévoit une enveloppe de 10 millions de dollars pour le fonctionnement de l’AIGE, en vue d’un éventuel retour aux urnes.
Une transition politique dans un contexte économique et sécuritaire tendu
Sur le plan économique, la Banque mondiale pointe une inflation persistante, une crise énergétique et une pauvreté en hausse. Les plans de relance peinent à compenser les effets des sécheresses successives et à soutenir une croissance durable.
Sur le terrain sécuritaire, malgré quelques avancées, notamment la reprise de certaines localités, les violences armées, en particulier dans le nord et le centre du pays, restent préoccupantes. Les groupes djihadistes y mènent encore régulièrement des attaques meurtrières contre les civils et les forces de défense.
La mission du général Goïta sera de restaurer la stabilité, renforcer l’Etat et relancer l’économie, dans un contexte politique sous haute tension.