Le Musée des Civilisations Noires (MCN) a vibré ce week-end au rythme d’un panel hautement symbolique placé sous le thème : “Entre l’écrit et le visuel, la touche féminine du dialogue créatif”. Organisé dans le cadre de l’exposition Soobu et des ateliers menés par l’artiste comédienne Awa Sène Sarr, l’événement a réuni plusieurs figures majeures de la scène artistique sénégalaise.
Modéré par le professeur Ibrahima Wane, président du Conseil d’Administration du MCN, ce moment d’échange a mis en lumière la synergie entre les disciplines artistiques, ainsi que la place incontournable des femmes dans la transmission culturelle et la création.
Quand les arts se rencontrent
L’écrivaine Ken Bugul a ouvert le débat en soulignant la porosité entre les arts : “Un film part souvent d’un texte, un livre évoque des images, des sons… Une toile peut contenir l’essence d’un roman.” Elle a évoqué la capacité des mots à évoquer le monde sensible, illustrant ses propos par des exemples ancrés dans la réalité urbaine.
Le cinéaste Moussa Sène Absa, fidèle à son approche multidisciplinaire, a abondé dans ce sens : “Je pars toujours de l’écriture. L’art est une grâce intérieure, mais aussi une discipline.” Il a insisté sur l’importance de nourrir sa créativité par la lecture et l’écoute du monde.
Peinture sous verre et mémoire collective
La peintre Anta Germaine Gaye a captivé le public en racontant son attachement à la peinture sous verre, héritage artistique sénégalais qu’elle modernise. “Ces œuvres racontent notre société, elles sont des archives visuelles”, a-t-elle déclaré, évoquant la puissance de cette technique à restituer aussi bien les rites anciens que les dynamiques sociales actuelles.
Femmes, jeunesse et transmission
La place des femmes dans la création a occupé une large part des échanges. Pour Ken Bugul, “le pouvoir féminin réside dans la capacité à transmettre, à négocier la paix et à créer du lien”. Elle a partagé des souvenirs intimes, soulignant l’influence des femmes dans son parcours littéraire.
Interpellés par une jeune lycéenne aspirant à une carrière artistique, les panélistes ont livré des conseils empreints de sagesse. “Votre talent est là. Mais il faut du temps, de la formation et de la curiosité”, a encouragé Anta Germaine Gaye.
Un final en beauté
La soirée s’est conclue avec des performances artistiques poignantes, dont un poème vibrant de Marouba Fall et une prestation chorale dirigée par Badara Seck, démontrant que l’art demeure un langage universel et fédérateur.
En parallèle, le public a pu visiter l’exposition Première Ligne, visible jusqu’au 27 avril, qui revient sur les événements politiques de mars 2024 à travers photographies et installations engagées.
Avec ce panel, le MCN a réaffirmé son rôle de carrefour des expressions artistiques et de lieu de valorisation des voix féminines dans la création contemporaine.