À six mois de la présidentielle ivoirienne, l’ONU tente de désamorcer les tensions. En visite à Abidjan, son émissaire Leonardo Santos Simão appelle au dialogue et à la responsabilité collective, alors que la méfiance envers les institutions électorales ne faiblit pas.
À six mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, les tensions politiques montent d’un cran. Dans un contexte où la défiance vis-à-vis des institutions électorales grandit, l’Organisation des Nations Unies tente de jouer les médiateurs. Du 17 au 19 avril 2025, Leonardo Santos Simão, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, s’est rendu à Abidjan pour lancer un appel clair à la paix et à la démocratie. Un message salué, mais dont la portée réelle reste discutée.
Un appel à l’apaisement dans un climat tendu
Le calendrier électoral s’accélère en Côte d’Ivoire, et avec lui, les inquiétudes autour de la transparence et de l’équité du processus. Lors de son passage à Abidjan, Leonardo Santos Simão a rencontré le président Alassane Ouattara, les membres de la Commission électorale indépendante (CEI) ainsi que plusieurs figures de l’opposition. Face aux critiques sur la partialité supposée de la CEI et à la suspension de participation de certains partis, comme le PDCI et le PPA-CI, le diplomate onusien a lancé un appel à l’unité nationale et à la responsabilité collective. Son objectif : éviter que la présidentielle prévue le 25 octobre ne soit entachée par des violences, comme cela a pu être le cas par le passé.
Si la visite du représentant onusien s’est déroulée dans un climat de courtoisie institutionnelle, elle n’a pas dissipé les doutes sur la capacité de l’ONU à réellement influencer le processus. Certains observateurs y voient un geste diplomatique symbolique, sans levier d’action tangible. « Cette tournée est une simple formalité », commente un analyste politique, pointant l’absence de mesures contraignantes pour assurer un processus électoral équilibré. Le message d’apaisement semble clair, mais l’ONU ne peut, à elle seule, résoudre les tensions structurelles de la scène politique ivoirienne.
Des engagements institutionnels en faveur de la paix
Du côté des autorités ivoiriennes, la réponse est empreinte d’un discours rassurant. Kandia Camara, présidente du Sénat, a assuré le représentant onusien de l’engagement total de son institution pour garantir la tenue d’élections paisibles. Elle a mis en avant les avancées économiques et sociales des quinze dernières années, qui, selon elle, doivent être préservées grâce à un climat politique serein. Cette posture officielle vise à démontrer que l’État reste maître de son agenda démocratique, malgré les critiques émanant de l’opposition.
Au cœur de cette visite, c’est bien la question de la consolidation démocratique qui était en jeu. Le représentant de l’ONU a insisté sur la nécessité d’un engagement actif de tous les acteurs, y compris la jeunesse, pour construire une culture de paix durable. Néanmoins, la persistance des revendications sur la réforme de la CEI, la mise à jour du fichier électoral et la relance du dialogue politique rappellent que les fondations de la démocratie ivoirienne restent fragiles. Dans cette période pré-électorale, chaque geste compte. Mais sans avancées concrètes, les bonnes intentions risquent de rester lettre morte.