À entendre le premier ministre parler nous avons l’impression que le Sénégal commence aujourd’hui. Jamais le nihilisme n’a atteint un tel degré dans la façon de faire d’un tenant de pouvoir, de Senghor à Macky sall. Il faudrait rappeler que : Le Président Senghor a construit un État fort et impersonnel comme l’avait suggéré le général Charles de Gaule.Le Président Diouf a consolidé ce legs par la structuration d’une administration forte, impersonnelle et professionnelle.
Le Président Wade a lancé les bases de l’émergence du Sénégal en mettant le citoyen au cœur de cette construction en perpétuel devenir.Le Président Sall a enfin mis le Sénégal dans les rampes de l’émergence avec ses grandes réalisations.
La politique ne se confond pas avec l’État. Elle n’est qu’une expression historique et périssable. Malheureusement avec le Pastef, elle est devenue le lieu de discrimination au lieu d’intégration, une instance de désignation de l’ennemi et de lui faire la guerre au lieu de l’amener à apporter son expertise et son savoir-faire. Avec ce deuxième rendez avec les députés nous pensions que le premier ministre viendrait avec un bilan d’un an de son gouvernement.
Malheureusement comme d’habitude, nous avons assisté à des invectives et brimades vis à vis de l’opposition. Il convient de rappeler que le vote du 24 mars 2024 a été un scrutin parmi tant d’autres scrutins majeurs au cours desquels la libre expression des suffrages avait clairement indiqué le choix des citoyens en faveur d’une démocratie apaisée, d’équilibre et de compromis ainsi que leur profond attachement à notre régime de libertés, à l’unité nationale et à la paix civile.
Au regard de cette valeur républicaine il est inadmissible qu’un journaliste du niveau de professionnalisme de Simon Faye puisse être inquiété dans l’exercice de ses fonctions. Sans parler des citoyens qui disent ce qu’ils pensent de la marche du pays. Mieux beaucoup d’entre eux n’ont-ils pas appelé à l’insurrection, au mortal combat ou autre propos qui frise même une sorte d’incitation à la rébellion.
Nous avons aussi entendu une dame qui aujourd’hui députe dire avant la campagne que si Macky se présente et qu’il gagne nous allons faire un gouvernement parallèle ! Autant de choses que nous avons vécu dans le respect de la démocratie pour qu’aujourd’hui, on veuille nous ôter cet acquis que nous avons obtenu par le sacrifice.
C’est l’occasion de rendre hommage aux grands hommes d’Etat qui ont eu le privilège de gérer l’Etat avec lucidité, hauteur de vue et un sens élevé des responsabilités qui les ont guidés à décider de mesures fortes et courageuses de décrispation suivies d’élections organisées dans la rigueur et la sérénité ayant débouché sur les changements notés, consacrant encore une fois notre modèle de démocratie avancée dans les rangs des pays en développement.
Il est un devoir de confondre dans les mêmes hommages les responsables des juridictions impliquées dans l’écosystème de notre démocratie.Elles ont marqué l’opinion nationale et internationale par la sérénité des décisions rendues dans un contexte de crise ouverte entre les institutions de la République, en confirmant à la face du monde l’attachement du Sénégal et de ses dirigeants aux principes et règles de l’Etat de droit.
Ce sont là autant de raisons qui fondent à croire qu’il est de la responsabilité de tous les acteurs du jeu politique surtout de l’opposition et de notre écosystème judiciaire de garder en toutes circonstances le souci partagé de la sauvegarde absolue de ce legs historique capital. J’en profite pour rendre hommage à un commis de l’Etat Monsieur Badio Camara qui a su montrer comment doit être un agent de la justice dans toute sa rigueur. Prenant au mot le Président de la république sur le dialogue, je dois relever que le legs du dialogue national institutionnalisé doit être préservé comme mécanisme innovant d’une gouvernance qui rompt radicalement avec l’exercice solitaire du pouvoir et le pouvoir personnel sans partage.
A cet égard, le dialogue franc, ouvert et transparent entre les chefs du nouvel exécutif et les dirigeants de l’opposition est un impératif et une obligation de responsabilité par respect pour les citoyens farouchement attachés à leur liberté de choix politique tout autant à la paix civile qui leur garantit leur sécurité et celle de leurs familles.
DK le 14 septembre 2O25
Boubacar Yatassay 1er vice-coordonnateur de la Coalition DJONE