La Conférence préparatoire au Colloque régional sur les cinquante ans de la CEDEAO s’est tenue les 24 et 25 février à l’initiative de l’Afrikajom Center. Durant deux jours, des acteurs venus de toute l’Afrique de l’Ouest – représentants d’États membres, institutionnels, universitaires, membres de la société civile, du secteur privé et de la jeunesse – ont échangé autour d’un objectif commun : refonder la CEDEAO à l’aune de ses cinquante ans.
Face aux nombreuses crises politiques et sécuritaires que traverse la région, la CEDEAO est à un tournant décisif de son histoire. La conférence préparatoire a permis d’évaluer les réussites de l’organisation – telles que la libre circulation ou les protocoles de paix – mais aussi ses échecs, notamment son incapacité à prévenir les récents coups d’État et à incarner une véritable communauté des peuples.
« Si les États membres sont malades, la CEDEAO ne peut qu’être malade », a déclaré Constant Gnacadja, représentant du Commissaire aux affaires politiques de la CEDEAO, appelant à une réforme profonde de l’organisation.
Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger – réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) – plane comme une menace sur la stabilité de l’organisation. Une situation qui révèle les limites de l’intégration actuelle et l’urgence d’un repositionnement stratégique.
David Dosseh, de la coalition Tournons la Page, a pointé du doigt l’hégémonie des chefs d’État dans le processus décisionnel de la CEDEAO : « Tant que la parole citoyenne restera marginale, l’organisation restera fragile et illégitime. »
Les recommandations issues des panels et ateliers sont fortes et claires : construire une CEDEAO plus inclusive, donner plus de place à la jeunesse et au secteur privé, promouvoir une véritable démocratie régionale, mettre en place un financement autonome et durable, renforcer le rôle de la société civile dans les processus de décision.
Alioune Tine, fondateur d’Afrikajom Center, a appelé à « créer les conditions objectives et subjectives d’une CEDEAO des peuples, seule garante d’un avenir commun durable en Afrique de l’Ouest. »
Cette conférence préparatoire jette les bases d’un colloque régional prévu en 2025, organisé par une coalition d’organisations de la société civile ouest-africaines et internationales. Le colloque aura pour ambition d’être un moment de rupture et d’innovation démocratique, où les peuples d’Afrique de l’Ouest pourront se réapproprier leur destin régional.