Pour la première fois dans l’histoire parlementaire du Sénégal, l’opposition a décidé de boycotter une séance plénière à l’Assemblée nationale. Le groupe Takku Wallu Sénégal et les députés non-inscrits ont annoncé, mercredi, leur absence à la séance consacrée aux questions d’actualité, initialement prévue le jeudi 10 avril et reportée au lundi 14 avril à 10 heures.
Ce report fait suite au décès de Serigne Mouhamadou Makhatar Thiaw Laye, khalife général des Layènes, dont le rappel à Dieu a plongé la nation dans une période de recueillement.
Mais pour les députés de l’opposition, les raisons de leur boycott sont plus profondes. « La situation actuelle de l’Assemblée et son mode de fonctionnement ne nous conviennent pas », a déclaré Thierno Alassane Sall, lors d’une conférence de presse tenue en présence d’Anta Babacar Ngom, Adama Diallo, Abdou Karim Sall et d’autres élus.
Selon eux, la majorité parlementaire, dominée par le parti Pastef, foule aux pieds le règlement intérieur. Thierno Alassane Sall dénonce notamment une « présidence de l’Assemblée qui se comporte comme un prolongement du groupe parlementaire au pouvoir », au mépris du pluralisme démocratique.
Parmi les griefs évoqués : la non-conformité du bureau de l’Assemblée à la loi sur la parité, le refus systématique de donner la parole aux députés de l’opposition lorsqu’ils invoquent le règlement intérieur, ou encore la suppression du second tour de parole qui leur était traditionnellement accordé.
L’examen de la loi d’interprétation de l’amnistie, le 2 avril dernier, cristallise ces tensions. Les députés de l’opposition affirment avoir été empêchés de s’exprimer pleinement, dans une atmosphère marquée par des « commentaires désobligeants » à leur encontre.
Malgré ce boycott symbolique, les élus de l’opposition se disent prêts à reprendre leur place dans l’hémicycle – à condition d’y être traités « comme des représentants légitimes du peuple sénégalais ».