
Le Sénégal a pris une décision majeure cette année en annonçant l’arrêt de l’importation d’oignons et de pommes de terre, deux denrées alimentaires cruciales dans le quotidien des ménages. Cette initiative, dévoilée par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, mardi à Dakar, découle d’une production record dans le pays, estimée à 450 000 tonnes d’oignons et 240 000 tonnes de pommes de terre, largement au-dessus des besoins nationaux.
Les besoins annuels du pays en pommes de terre se chiffrent à 150 000 tonnes, tandis que la demande en oignons est de 350 000 tonnes. Ainsi, avec un excédent respectif de 90 000 tonnes pour les pommes de terre et 100 000 tonnes pour les oignons, le Sénégal anticipe de ne plus avoir besoin de recourir aux importations, une situation qui pourrait mettre fin aux pénuries récurrentes et aux hausses de prix de ces produits.
Dans le cadre de cette stratégie, les autorités sénégalaises ont opté pour un modèle centré sur la transformation et le stockage de ces récoltes excédentaires. En effet, des mesures seront prises pour éviter la pourriture de la production, en mettant en place des solutions de stockage dans des entrepôts à Saint-Louis, Ziguinchor et Dakar. Le gouvernement a sollicité l’Agence de régulation des marchés (ARM) et l’Organe de régulation du système de récépissé d’entrepôt de marchandises (ORSRE) pour encadrer cette démarche, permettant aux horticulteurs de vendre leurs stocks en toute sécurité.
Le pays compte également sur l’implication du secteur privé et des institutions financières, telles que le Crédit agricole et la Banque nationale pour le développement économique, pour financer cette initiative. Une solution industrielle innovante est également envisagée, avec la production de 30 000 tonnes de poudre d’oignon destinée à l’exportation, notamment vers la Côte d’Ivoire et d’autres pays africains.
Cette approche vise non seulement à assurer l’autosuffisance alimentaire du Sénégal mais aussi à transformer l’excédent de production en opportunités économiques à l’échelle régionale.