Le 8 avril 2025, l’Institut islamique de Dakar a servi de cadre au lancement officiel du projet Daara-Atelier, une initiative conjointe du ministère de la Formation professionnelle et technique et des autorités religieuses sénégalaises. Ce programme ambitieux vise à former 15.000 jeunes talibés dans divers métiers porteurs d’ici 2029, dans le but d’améliorer leur insertion professionnelle et sociale, tout en respectant leur ancrage religieux et culturel.
La phase pilote du projet se concentre sur les villes religieuses de Touba, Médina Gounass, Tivaouane, Kaolack et Nguékhokh. Ces régions, réputées pour leur forte présence de « daara », écoles coraniques traditionnelles, deviendront les sites pilotes de cette révolution éducative. Selon M. Soulèye Kane, directeur de l’Apprentissage au ministère de la Formation professionnelle et technique, le projet vise à combler une lacune importante en matière d’éducation et d’insertion des jeunes issus des daara, souvent exclus des circuits de formation classiques.
Les formations proposées couvriront des secteurs en forte demande sur le marché du travail, tels que l’électricité domestique et industrielle, la couture et le stylisme, la transformation agroalimentaire, la menuiserie, le froid et la climatisation, l’automobile électrique, les énergies renouvelables et la mécanique générale. Ces filières sont jugées stratégiques pour l’employabilité des jeunes et pour la croissance de l’économie sénégalaise.
Lors de la cérémonie de lancement, le ministre de la Formation professionnelle et technique, Moustapha Njekk Sarré, a salué le caractère historique de l’initiative, soulignant qu’elle s’inscrivait pleinement dans la vision du Président de la République, qui place la jeunesse et l’inclusion au cœur de son action. Un budget de 16 milliards de FCfa sera mobilisé pour garantir le succès de cette formation, avec une approche transparente et rigoureuse dans la gestion des fonds.
Ce projet, qui allie enseignement coranique et formation professionnelle, est vu comme un modèle de partenariat entre les autorités religieuses et l’État, unissant les forces pour offrir de nouvelles perspectives aux jeunes talibés. Les représentants des principales confréries religieuses, Serigne Cheikh Fatma Mbacké et Serigne Ahmed Sy Al Amine, ont exprimé leur soutien à l’initiative, soulignant l’importance de maintenir l’identité islamique tout en donnant aux jeunes les outils nécessaires pour réussir dans le monde moderne.
Le projet Daara-Atelier marque ainsi un tournant important dans l’éducation des talibés, symbolisant une rupture avec les anciens modèles éducatifs et un engagement fort de l’État à transformer les daara en véritables piliers de l’émergence économique et sociale du Sénégal.