L’arrestation, mercredi 21 mars, du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, figure de proue de l’opposition turque, a déclenché un vaste mouvement de contestation à travers le pays. Cette vague de colère dépasse désormais le sort du seul édile d’Istanbul et s’impose comme un défi direct au président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de vingt ans.
« Une grande colère »
Avec cette arrestation, Erdogan a-t-il réussi à faire taire l’opposition ? La réponse est non, affirme Bayram Balci, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris. « Il y a une grande colère », dit-il.
Depuis l’annonce de l’arrestation d’Imamoglu, des manifestations monstres ont éclaté dans les deux tiers des 81 provinces turques, y compris dans les bastions de l’AKP, le parti présidentiel, comme Konya, Trabzon ou encore Rize. Malgré les interdictions et le déploiement massif des forces de l’ordre, la contestation ne faiblit pas. « Les gens descendent spontanément dans la rue. Certains jeunes se trouvent politisés pour la première fois de leur vie« , constate Yuksel Taskin, député du CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate), principale formation d’opposition dont Imamoglu est issu.