Le Togo prêt à rejoindre l’Alliance des États du Sahel ?
Le Togo pourrait bientôt devenir le quatrième membre de l’Alliance des États du Sahel (AES). C’est ce qu’a laissé entendre Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, dans un message publié sur sa page Facebook. Cette annonce marque un tournant majeur dans la politique régionale de Lomé et pourrait redéfinir les équilibres économiques et diplomatiques en Afrique de l’Ouest.
Jusqu’ici considéré comme un « pays ami » de l’AES – qui regroupe le Mali, le Niger et le Burkina Faso –, le Togo semble vouloir officialiser son adhésion à l’organisation. Pour le chef de la diplomatie togolaise, cette décision répond à une logique de coopération renforcée et vise à offrir un accès à la mer aux pays sahéliens enclavés.
Depuis le coup d’État au Niger en 2023, Lomé s’est distingué par une approche plus conciliante, privilégiant le dialogue avec les régimes militaires du Sahel, contrairement à la CEDEAO qui a opté pour des sanctions et des menaces d’intervention militaire. Ce positionnement a permis au Togo de se rapprocher des dirigeants de l’AES, ouvrant ainsi la voie à une intégration plus profonde.
Si le Togo rejoint officiellement l’AES, il deviendrait le seul membre de l’Alliance avec un accès à l’océan Atlantique. Une opportunité économique de taille pour le pays, qui pourrait jouer un rôle central dans le commerce et la logistique régionale. Son port de Lomé, l’un des plus modernes d’Afrique de l’Ouest, pourrait ainsi devenir un hub stratégique pour l’exportation des ressources sahéliennes et l’importation de biens essentiels.
L’intégration du Togo pourrait également renforcer les liens économiques entre les pays de l’AES et leur offrir une alternative aux ports de Cotonou (Bénin) et d’Abidjan (Côte d’Ivoire), traditionnellement utilisés pour les échanges commerciaux.
Toutefois, cette adhésion ne se fera pas sans obstacles. Le Togo devra aligner ses politiques économiques et sécuritaires avec celles des membres de l’AES, tout en gérant les éventuelles tensions avec la CEDEAO, dont il est encore membre.
L’amélioration des infrastructures portuaires et de transit sera également essentielle pour maximiser les bénéfices de cette nouvelle alliance. De plus, la concurrence avec d’autres pays côtiers, notamment le Bénin, pourrait compliquer la mise en place de ce partenariat.
Si elle se concrétise, l’entrée du Togo dans l’AES pourrait modifier les dynamiques régionales et affaiblir davantage l’influence de la CEDEAO, déjà fragilisée par le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Cette décision pourrait également inciter d’autres pays à reconsidérer leur position au sein de l’organisation ou à chercher de nouvelles alliances stratégiques.
Le Togo, en jouant cette carte, pourrait bien devenir un acteur clé de la recomposition géopolitique de l’Afrique de l’Ouest.