Le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Samba Cor Sarr, a mis en garde contre le risque d’une domination des machines au détriment de l’humain dans le secteur de la santé, à l’occasion du 3e dialogue politique sur la digitalisation des données de santé en Afrique, qui s’est tenu jeudi. Cette initiative, axée particulièrement sur le Sénégal, a été portée par la Plateforme de l’Observatoire africain de la santé sur les systèmes et les politiques de santé (AHOP).
Selon Samba Cor Sarr, la transformation numérique en cours pourrait mener à l’émergence du transhumanisme et du post-humanisme, des concepts qui menacent de faire disparaître l’humain derrière les machines. Il a souligné qu’il était crucial de suivre ce processus avec vigilance, pour ne pas perdre notre essence en tant qu’êtres humains dans cette évolution technologique rapide.
« Nous créons aujourd’hui une nouvelle personnalité numérique qui coexiste avec notre identité physique, mais parfois, cette personnalité numérique prend le dessus et nous fait oublier notre existence en tant qu’humains », a-t-il déclaré, en mettant en avant le risque d’un télescopage entre les deux identités.
Le responsable a lancé un appel à la vigilance, soulignant qu’il est nécessaire de réguler ces dynamiques pour éviter « notre propre disparition en tant qu’humains ». Il a également insisté sur l’importance d’une prise en compte éthique dans le développement des technologies, un point soulevé par de nombreux experts en matière de post-humanisme et de transhumanisme.
De son côté, le Dr Serge Bataliack, représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la région Afrique, a évoqué l’importance de mettre en place un cadre de gouvernance rigoureux pour encadrer la digitalisation des données de santé. Il a également attiré l’attention sur des enjeux critiques tels que la sécurité des données et la cybercriminalité.

« L’Afrique présente un potentiel considérable avec des taux d’utilisation des technologies numériques qui varient entre 75 et 95 %, avec des millions de personnes possédant plusieurs smartphones et utilisant régulièrement des applications », a-t-il noté, soulignant les opportunités que représente cette transformation numérique pour le secteur de la santé.
Pour le Dr Abdourahmane Sow, directeur de la prévention à l’Institut Pasteur, ce dialogue représente une occasion essentielle de rassembler les chercheurs, les innovateurs, les planificateurs et les décideurs, afin de maximiser l’utilisation des résultats de recherche dans l’optimisation du système de santé.

La rencontre a rassemblé des experts de plusieurs pays, dont l’Éthiopie, le Nigéria, le Rwanda, le Sénégal et le Mali. Ces spécialistes travailleront ensemble pour fournir aux autorités les outils nécessaires pour réussir cette transition numérique en Afrique, tout en veillant à préserver l’humanité dans l’ère numérique.