Suite à l’onde de choc provoquée ces derniers jours par la découverte de fosses communes renfermant des cadavres de migrants en Libye, la cheffe des affaires politiques de l’ONU s’est dite préoccupée, mercredi, par les traitements « cruels et inhumains » dont font l’objet les réfugiés soudanais dans ce pays du nord de l’Afrique, dont l’unité est fragilisée par la persistance de divisions politiques profondes.
Les migrants et demandeurs d’asile, y compris les enfants, sont victimes de « torture et de traitements cruels et inhumains » à travers toute la Libye, a déploré Rosemary DiCarlo, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation dans le pays. Selon la haute responsable, la découverte récente de deux fosses communes, à la suite de raids sur des sites de traite des êtres humains, met en évidence les graves dangers auxquels sont confrontés les migrants en Libye.
Le 7 février, une fosse commune a ainsi été découverte dans une ferme à Jikharra, dans le nord-est du pays. Le jour suivant, une seconde fosse commune a été découverte à Al-Kufra, dans le sud-est libyen.
Mme DiCarlo a précisé que 93 corps avaient été exhumés à ce jour sur les deux sites. « Cela rappelle une fois de plus la nécessité urgente de protéger les migrants et de lutter contre la traite des êtres humains », a déclaré la cheffe des affaires politiques, qui a appelé à mener une enquête de fond indépendante pour traduire les responsables en justice. Elle a en outre rappelé qu’en décembre dernier, une mission conjointe de la Mission des Nations Unies, la MANUL, et de l’équipe de pays des Nations Unies à Al-Kufra avait collaboré avec les autorités locales, les partenaires de l’ONU et les communautés d’accueil pour renforcer l’aide aux réfugiés soudanais qui trouvent refuge en Libye.
Alors que la guerre civile qui dure depuis bientôt deux ans au Soudan s’intensifie, la population du pays continue d’affluer vers la Libye voisine. Mme DiCarlo a rappelé que le volet libyen du plan régional d’aide aux réfugiés soudanais a prévu un budget de plus de 106 millions de dollars pour venir en aide à 446.000 personnes en 2025, soit le double de l’aide demandée en 2024.
Création d’un Comité consultatif électoral
La haute responsable est par ailleurs revenue sur les efforts déployés par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) afin de relancer le processus politique libyen.
Le 4 février, a-t-elle indiqué, la MANUL a créé un Comité consultatif chargé de formuler des recommandations pour résoudre les obstacles à la tenue d’élections nationales. Composé de 20 personnalités libyennes, dont des experts juridiques et constitutionnels, ce Comité, qui n’est pas un organe décisionnel, s’est réuni pour la première fois les 9 et 10 février à Tripoli sous l’égide de la MANUL, puis à nouveau cette semaine, pour une durée de trois jours.
En parallèle, Mme DiCarlo a indiqué que la MANUL prenait des mesures pour organiser un dialogue structuré entre Libyens, y compris la tenue, les 10 et 11 février à Tunis, de consultations entre experts économiques indépendants pour identifier les obstacles à une gouvernance économique saine.