Chaque jour, des dizaines de marchands ambulants s’installent aux abords du Service des Mines de Dakar, à Hann, dans l’espoir de proposer des pièces et accessoires destinés aux véhicules aux conducteurs de passage.
Mais entre la pression policière, les interventions des agents municipaux, l’absence de cadre légal et l’insécurité, leur activité devient de plus en plus difficile. Face à ces défis, ces vendeurs appellent à une reconnaissance et un encadrement de leur métier pour pouvoir subsister dignement.
Sur l’une des artères les plus animées de Dakar, près du Service des Mines et du rond-point Hann, une scène rythmée par le bruit des klaxons et le vrombissement des moteurs se déroule chaque jour. Ici, des dizaines de marchands ambulants bravent la chaleur accablante pour vendre des pièces automobiles et divers accessoires aux automobilistes en quête d’une solution rapide avant le contrôle technique de leur véhicule. Pourtant, cette activité, qui permet à beaucoup de subvenir aux besoins de leur famille, est de plus en plus menacée par des interventions policières répétées et une réglementation stricte.
Youga Tall, un jeune marchand originaire de Guédiawaye, trouvé avec un groupe de vendeurs à la sauvette près du rond-point à l’entrée de Mariste, tente tous les jours d’écouler ses produits. Comme lui, de nombreux jeunes parcourent plusieurs kilomètres chaque jour dans l’espoir de trouver des clients parmi les automobilistes qui se rendent aux visites techniques. « Nous ne sommes ni des voleurs ni des agresseurs, nous cherchons simplement à gagner notre vie honnêtement. Mais ces derniers temps, il nous est devenu très difficile de vendre à cause des interventions fréquentes de la police et des agents municipaux de la commune de Hann Bel-Air », confie-t-il avec amertume.
Entre insécurité et incertitude
Le regard fatigué mais déterminé, Mamadou Diallo, la cinquantaine révolue, coiffé d’un bonnet d’Hamical Cambral, explique : « Nous sommes épuisés par cette course-poursuite incessante avec la police et les agents municipaux, qui dure depuis plus d’un mois. On nous accuse d’être responsables des embouteillages, mais qu’on soit là ou non, la circulation restera toujours encombrée. Nous demandons simplement à être laissés tranquilles pour pouvoir travailler dignement. »
Les marchands ambulants ne sont pas seulement confrontés à la répression policière. Leur activité comporte également des risques considérables. Mor Faye, vêtu d’un maillot de Chelsea, illustre cette réalité : « Je vendais des plaques d’immatriculation, mais l’État a interdit cette activité. J’ai dû me reconvertir dans la vente de pompes et de triangles de signalisation pour subvenir à mes besoins. Pourtant, même dans cette nouvelle activité, les difficultés persistent. Parfois, lorsqu’un automobiliste s’arrête pour acheter un article, la police intervient immédiatement et nous ordonne de quitter les lieux. Il devient de plus en plus difficile d’exercer notre métier dans de telles conditions. »
La précarité dans laquelle ces vendeurs évoluent expose aussi certains à des risques d’accidents. Entre les va-et-vient des véhicules et la nécessité de capter rapidement l’attention des automobilistes, ils mettent souvent leur sécurité en péril. Il n’est pas rare d’assister à des chutes ou à des accidents causés par la précipitation et le manque d’espace sécurisé pour exercer leur commerce.
Un appel à l’aide des autorités
Face à cette situation, Atoumane Sow, un autre vendeur, lance un appel désespéré : « Nous aurions souhaité avoir des cantines afin de travailler en toute tranquillité. Nous sommes des soutiens de famille et nous n’avons pas d’autres moyens de subsistance. Notre seul souhait est de pouvoir exercer notre activité sans être constamment inquiétés. »
Les marchands ambulants demandent à l’État du Sénégal une régularisation de leur activité, avec la mise en place d’espaces dédiés qui leur permettraient d’exercer en toute légalité. En attendant, ils continuent de lutter chaque jour, dans une atmosphère aussi vibrante que précaire, pour leur survie et celle de leurs familles.