De Centre régional universitaire (Cur) en 2007, l’Université Assane Seck de Ziguinchor est devenue au fil du temps, une institution qui grandit dans une atmosphère peu chatoyante à cause des lenteurs constatées dans la livraison des travaux entamés depuis 2015.
L’État, à travers le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a démarré, depuis 2015, à l’Université Assane Seck de Ziguinchor (Uasz), un vaste programme de construction de blocs pédagogiques, notamment des amphithéâtres de 500 places, de laboratoires, un bloc médical, un bloc de plus de 80 bureaux destinés à l’Administration, etc.
Dans certains sites, comme le grand bâtiment qui abrite le nouveau pavillon d’une capacité de 1000 logements, les travaux sont presque à terme. Idem pour les salles dédiées aux travaux pratiques. L’ambition du Gouvernement, c’est d’y asseoir une réelle politique de transformation efficace et durable. Dans sa récente Déclaration de politique générale (Dpg), le Premier ministre Ousmane Sonko a indiqué que « tous les chantiers seront achevés pour répondre aux besoins croissants des étudiants et stimuler la recherche appliquée ».
Cependant, le retard noté dans la livraison de ces nombreux chantiers d’envergure freine la volonté de l’État qui entend faire de Assane Seck, une université de renommée nationale, sous-régionale, voire internationale. Et au sein de cette institution universitaire, les contestations ne manquent pas du fait des lenteurs. Les étudiants et même la communauté enseignante, notamment les personnels de recherche et les vacataires ne cessent de réclamer de meilleures conditions de travail. Certaines de ces revendications sont toujours d’actualité. Il s’agit, entre autres, de la problématique de logement pour les étudiants.
Dans cette institution qui totalise plus de 9.000 étudiants, le retard noté dans la réception des nouvelles infrastructures constitue le nœud du problème. D’ailleurs, les étudiants et les enseignants (membres du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur) n’hésitent pas à déclencher un mouvement d’humeur pour réclamer la finition de ces nouvelles constructions.
Une situation qui a amené les étudiants, le 22 novembre, à décréter une grève illimitée pour exiger l’achèvement des chantiers de 12 amphithéâtres engagés depuis 2015, la réception du nouveau pavillon de 1.000 lits, la construction d’un autre restaurant mais également une restauration de qualité dans le seul restaurant fonctionnel. Cela a conduit à la fermeture de l’institution universitaire pendant quelques semaines.
Les ambitions du nouveau Recteur
En visite à l’Université le 6 décembre dernier, le secrétaire général national du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), David-Célestin Faye, a abordé l’épineuse équation liée à la livraison des chantiers et a invité le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf « à respecter ses engagements pour le bien de tous en travaillant à la livraison des chantiers dans les meilleurs délais ». Chaque année, Assane Seck accueille un effectif de plus de 1.000 nouveaux bacheliers. Pour gérer ce flux, l’administration ne cesse d’engager des travaux d’extension.
Dès sa prise de fonction, le recteur de l’Uasz, le Pr Alassane Diédhiou qui a vu naître cette institution s’est engagé à travailler d’arrache-pied pour la doter d’infrastructures dignes de ce nom. « Je connais cette université. Je sais qu’elle est confrontée à d’énormes difficultés d’ordre infrastructurel et de massification des personnels. Je vais travailler avec dévouement, et avec l’ensemble des personnels, à continuer à faire de la montée en puissance de cette université, une véritable réalité », laissait-il entendre sous les applaudissements de l’assistance.
Pour relever ce défi, l’enfant de Baïla (son village natal), dans le département de Bignona, se dit prêt à instaurer un dialogue permanent, avec l’ensemble des partenaires sociaux de l’université. Cette conjugaison d’efforts, insiste le Pr Alassane Diédhiou, va leur permettre de bâtir une université « forte et viable » où se côtoient des générations confondues qui, dans un futur proche, vont activement participer à la construction de leur Nation.
Une montée en puissance malgré les difficultés
Malgré les difficultés, l’Université Assane Seck a connu un développement infrastructurel plus ou moins satisfaisant. Progressivement, des Unités de recherche et de formation (Ufr) y ont été créées. En dépit des difficultés, cette jeune institution d’enseignement supérieur poursuit quand même sa montée en puissance. Assane Seck dispose de 4 Ufr : celle des Sciences et technologies, celle des Sciences économiques et sociales, Lettres, Arts et sciences humaines et une autre dédiée aux sciences de la Santé, en plus de l’antenne de Kolda. Et en 2020, avec l’école doctorale devenue une réalité, l’Uasz a mis sur le marché ses premiers docteurs (22 au total) en médecine.
L’Ufr Sciences et technologies dispose également d’une école doctorale qui en a formé beaucoup. Au tout début, le Centre n’était pas dimensionné pour devenir une université. Dix-huit ans après, grâce aux efforts du Gouvernement, le contraire se réalise. Et Assane Seck qui compte en son sein plus de 200 enseignants-chercheurs, avec au moins 20 mathématiciens, poursuit sa longue marche vers le sommet. Cependant, le seul obstacle reste et demeure, le retard noté dans l’achèvement des chantiers.