Un peu moins d’un mois après la chute du régime de Bachar El Assad, les Syriens de tout le pays en profitent pour découvrir pour la première fois la province conservatrice d’Idlib. Notre correspondant en Syrie, Wilson Fache est sur place en ce moment. Voici une retranscription de son reportage audio diffusé dans la matinale de ce 2 janvier 2025.
Pour des dizaines de jeunes Syriens venus faire du tourisme dans l’ancien bastion des rebelles, la journée se conclut par une visite de Disneyland Idlib pour une partie de jeu vidéo. Ces visiteurs viennent des localités de Salamine et de Soueida et pour la plupart d’entre eux, comme Zahira par exemple, c’est la première fois qu’ils mettent les pieds dans cette province conservatrice : « Nous voulions briser les préjugés et venir ici pour montrer que tout va bien. Avec la population d’Idlib, nous faisons tous partie de la même famille. Je suis vraiment impatiente de rentrer chez moi et de raconter à tout le monde ce que j’ai vu ici et toutes les activités que nous avons faites, nos rencontres avec les gens et la visite de la ville. Toute cette beauté, c’est grâce à la révolution.«
La rencontre prend rapidement des airs de fête. On danse, on chante, on célèbre le fait d’être enfin tous réunis pour la première fois depuis le début de la guerre.
Abdullah Ismaël Kurdi a 25 ans. Il est originaire de Salamine. Cela faisait quatre ans qu’il n’était pas sorti de sa ville car il fuyait le service militaire obligatoire et avait peur d’être conscrit de force si jamais il s’aventurait hors de chez lui. « J’ai refusé de me battre contre les gens qui protégeaient la révolution. Cette décision a eu des conséquences. J’étais prisonnier de ma propre ville. Je ne pouvais jamais sortir. Il est difficile d’expliquer mes sentiments. Car c’est la première fois que je sors de cette prison« , raconte-t-il.
L’organisateur de cette rencontre s’appelle Saleh Al-Khatib. Il souligne l’importance de réunir les Syriens divisés à cause de la guerre et de la dictature Assad. « Les gens sont intéressés de découvrir Idlib alors qu’avant, ils en avaient peut être peur. Nous essayons de créer un lien entre toutes les provinces. Nous les avons invités ici pour faire passer l’idée que Syriens ne font qu’un.«
En creusant un peu, on comprend aussi que cette rencontre a été financée par un proche de Hayat Tahrir al-Cham, le mouvement islamiste qui a fait tomber le régime Assad. Il s’agit pour les nouveaux maîtres de la Syrie de se montrer sous leur meilleur jour pour convaincre les Syriens de leur légitimité.