À l’occasion du 80e anniversaire du massacre des Tirailleurs sénégalais à Thiaroye, le comité de commémoration, dirigé par le professeur Mamadou Diouf, s’apprête à remettre un livre blanc au gouvernement sénégalais le 3 avril 2025. Ce document constituera un jalon important pour l’établissement et le rétablissement des faits entourant cette tragédie historique.
Le professeur Mamadou Diouf, enseignant à Columbia University, a expliqué dans un entretien accordé à l’agence de presse sénégalaise (APS) que l’objectif principal de ce livre blanc est de consolider le travail de la commission en vue d’établir les faits historiques de manière rigoureuse. Cette démarche vise à répondre aux débats récurrents entre historiens et autorités publiques, ainsi qu’à clarifier les manipulations qui ont marqué la narration de cet événement tragique survenu le 1er décembre 1944.
« Nous devons nous interroger sur l’état des documents disponibles, identifier d’éventuelles archives dissimulées, et recueillir des témoignages supplémentaires », a déclaré le professeur Diouf. La mission du comité est structurée en deux phases principales : Identification et collecte des sources : Cela inclut les archives primaires, les études secondaires et la cartographie des lieux où ces documents sont préservés. Impulsion d’un programme de recherche : L’objectif est de produire de nouvelles études pour approfondir la compréhension de cet événement historique tout en ouvrant la voie à une recherche continue.
Cette démarche ne se limite pas aux frontières sénégalaises. Le comité entend partager ses résultats avec les autres pays africains ayant fourni des tirailleurs, afin de contribuer à une
Les cérémonies de commémoration, prévues le 1er décembre 2024, seront marquées par des événements mémoriels au cimetière et au camp militaire de Thiaroye. Parmi les moments forts, la première de la pièce Aube africaine de Keita Fodeba, mise en scène par Mamadou Seyba Traoré, et la projection du film Camp de Thiaroye de Sembène Ousmane et Thierno Faty Sow.
Le comité a également organisé des discussions avec les jeunes de Thiaroye pour transmettre l’histoire et renforcer les liens intergénérationnels autour de cet épisode clé.
« La commémoration est un acte pour rendre visible quelque chose qui est souvent resté invisible. Elle doit impulser une mémoire partagée, une solidarité régionale et une unité continentale », a affirmé Mamadou Diouf.
Interrogé sur la participation de la France à cette commémoration, Mamadou Diouf a souligné que cette décision relève du gouvernement sénégalais. Cependant, il a indiqué qu’une mission du comité est actuellement en France pour collaborer avec les autorités archivistiques, dans le but de faire le point sur les documents relatifs au massacre.
À travers ce livre blanc et ces initiatives, le comité souhaite transformer la mémoire de Thiaroye en un levier pour l’unité et la solidarité en Afrique. Ce travail de mémoire permettra de dépasser les récits coloniaux pour inscrire cet événement dans une perspective historique partagée et tournée vers l’avenir.