En Afrique subsaharienne, MultiChoice est le principal acquéreur de la partie anglophone devant son concurrent StarTimes. Dans la partie francophone, le nouveau venu New World TV perturbe la mainmise historique de Canal +. Alors que Canal + et MultiChoice sont proches de fusionner, tout est sur le point de changer.
Le 22 octobre, Afreximbank a annoncé dans un communiqué l’octroi d’un financement d’environ 264 millions $ à la chaîne privée togolaise New World TV. Ce financement permettra l’acquisition de droits de diffusion en Afrique de plusieurs événements sportifs internationaux et africains.
Le diffuseur avait surpris tout le monde en réussissant à obtenir les droits de diffusion exclusifs de la Coupe du Monde 2022 en Afrique subsaharienne. Depuis, New World TV est suivi avec attention par les observateurs du marché des droits TV. L’accord avec Afreximbank semble donner à l’entreprise togolaise une avance sur la concurrence mais à la lumière de récents événements, notamment la fusion annoncée entre Canal+ et MultiChoice, ce financement était probablement indispensable pour que New World TV reste compétitive.
Une fusion qui pourrait redéfinir l’attribution des droits TV en Afrique
Le groupe sud-africain MultiChoice et Canal + se sont donné jusqu’à 2025 pour conclure leur fusion. Dans une note envoyée aux actionnaires de la partie sud-africaine les deux partenaires expliquent être en contact avec les régulateurs compétents pour achever le rachat de MultiChoice par Canal +. Une fois achevée, la fusion impactera fondamentalement l’attribution des droits TV de compétitions sportives en Afrique, notamment dans la partie subsaharienne puisqu’en Afrique du Nord, BeIN Sport reste le maître du jeu.
Dans une interview, Gary Rathbone, un expert en radiodiffusion qui a travaillé pour MultiChoice et Star Times, explique comment cette fusion va affecter le marché des droits TV en Afrique subsaharienne. « Le fait d’avoir une seule entité leur permettra d’acquérir plus de droits à un meilleur prix, puisqu’ils ne seront pas en concurrence les uns avec les autres ».
Robyn Cox, directrice générale du distributeur IMG, pense également que « le fait d’avoir un acteur dominant va complètement changer le paysage de l’achat des droits et de la consommation des sports en Afrique ». De manière basique, si MultiChoice, le principal acheteur de droits TV en Afrique anglophone, fusionne avec le principal acheteur des droits en Afrique francophone Canal +, l’entité créée peut négocier pour acquérir un package de droits pour les deux zones, ce qui complique la tâche pour StarTimes, le concurrent en région anglophone, et pour New World TV, le concurrent en région francophone.
New World TV doit se développer ou mourir
Si New World TV a visiblement la puissance financière pour rivaliser avec les offres concurrentes, le fait que l’entreprise n’affiche jusque-là qu’environ 100 000 abonnés pose problème. En dehors de l’offre financière, les détenteurs de droits TV des compétitions sportives souhaitent également avoir une exposition maximale de leur contenu. Pour régler le problème durant l’euro, par exemple, New World TV avait collaboré avec différents opérateurs de télécommunications dans plusieurs pays africains. Grâce à ces partenariats, des abonnés de ces telcos pouvaient accéder via une application et moyennant le paiement d’une certaine somme à la compétition sur une chaîne de New World TV. Cette stratégie Over The Top pourrait permettre à New World TV de se construire une base d’abonnés qui ne dépend pas uniquement du nombre de décodeurs vendus. Toutefois, l’entreprise togolaise doit régler un autre problème fondamental : en dehors du contenu sportif, ses chaînes ne proposent aucun programme à la hauteur de sa notoriété continentale.
Servan Ahougnon