Plusieurs dizaines de chefs d’Etats et de gouvernement prennent la pose pour une photo de famille où ils entourent Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la Francophonie, ainsi qu’Emmanuel Macron et son épouse, pour le XIXe sommet de l’OIF organisé au château de Villers-Cotterêts (Aisne). La France, pays siège de l’organisation, accueille l’événement pour la première fois depuis 33 ans
Préparé depuis plus de deux ans, ce XIX Sommet de la Francophonie était annoncé comme un grand événement. Entre grands absents et incident diplomatique, ce fût au final un flop magistral.
Leslie Varenne.
Annoncé à grands renforts de tambours et trompettes, ce Sommet de la Francophonie, le premier ayant lieu en France depuis 33 ans, fût celui de la désillusion. L’image d’Emmanuel Macron au Grand Palais tenant une conférence de presse dans une salle au trois-quarts vide en est la parfaite illustration. Si tous les pays francophones étaient représentés, peu de chefs d’Etat ont fait le déplacement.
Une des absences les plus remarquées est celle du roi Mohamed VI qui aurait pu remercier, de par sa présence, Emmanuel Macron pour avoir reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et qu’l reçoit en grandes pompes à Rabat d’ici deux semaines. Il n’en fût rien.
L’autre est celle du Président sénégalais dont le pays est pourtant membre fondateur de cette institution. Cependant pour Bassirou Diomaye Faye ce séjour à Paris aurait été le troisième depuis le début de son mandat, à quelques jours des élections législatives, c’eut été peut-être trop pour une opinion publique qui souhaite garder ses distances avec l’ancien colonisateur. A noter également, l’absence du chef de l’Etat congolais, Sassou Nguesso, de celui du Togo, Faure Gnassingbé, et de tant d’autres, ils devaient être une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement, ils ne furent qu’une cinquantaine.
L’incident diplomatique
En revanche, les Présidents de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et du Rwanda, Paul Kagamé étaient présents. C’était une gageure de mettre côte à côte ces deux chefs d’Etat alors que l’Est de la RDC est toujours en proie à une guerre alimentée par Kigali.
Lors de son discours d’ouverture, Emmanuel Macron citant les conflits sur la planète et notamment ceux du Moyen-Orient a omis de mentionner celui qui se déroule à l’Est de la RDC. Omission ou volonté de ne pas froisser l’ami Kagamé ? En tout état de cause, Félix Tshisekedi et son entourage ont peu apprécié cet « oubli » et ont décidé de quitter le Sommet avant la cérémonie de clôture.
Cet incident est le résultat de la politique de grand écart entre Kigali et Kinshasa menée par Emmanuel Macron depuis le début de son premier quinquennat. Sans oublier, bien sûr l’affront suprême pour les 100 millions de Congolais francophones : celui d’avoir favorisé l’élection de la Rwandaise anglophone, Louise Mushikiwabo à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie.
Si le président français avait besoin d’une épreuve de réalité pour mesurer les effets de la politique étrangère qu’il mène depuis sept ans, le Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts la lui a servi sur un plateau. Auparavant d’autres grands sommets censés montrer la vivacité de la diplomatie française avaient eux aussi tournés court, à l’instar, par exemple de la grande conférence sur le Soudan en avril dernier.