Premier foyer religieux du Sénégal, la sainte cité de Pire Goureye, un monument dans l’enseignement coranique et dans la formation d’élites, avec plus de 400 ans d’existence, au Nord-ouest du Sénégal, dans l’ancien royaume du Cayor, est un haut lieu de l’enseignement islamique du département de Tivaouane, dans la région de Thiès.
Une cité religieuse qui occupe «une place importante dans la vie religieuse du Sénégal» pour avoir abrité la plus ancienne école coranique, première université islamique du pays ouverte vers 1603, où presque tous les érudits musulmans ont séjourné, et la plus ancienne grande mosquée de l’Afrique de l’Ouest construite en 1611, qui fut brûlée sous l’ordre colonial par le Général Pinet Laprade, selon » le QUOTIDIEN ». Laquelle, avec le Mausolée Khaly Amar Fall (Xaali Amar Faal), figure aujourd’hui sur la liste des sites et monuments historiques classés.
Pire Goureye, qui compte plusieurs milliers d’habitants pour une superficie de 5192 km, regroupant à elle seule 72 villages, était une bourgade habitée par des bergers peuls qui venaient y faire paître leurs troupeaux et entourée d’une forêt composée essentiellement de rôniers et appelée «Saniakhor». Khaly Amar Fall ou Xaali Amar Faal (1555-1638), le patriarche, descendant du premier Damel du Cayor, sera celui qui aura valorisé la zone pour en faire un cadre de vie humaine en y installant l’islam.
Après de solides humanités au Fouta et en Mauritanie, il revient sur la terre de ses aïeuls, où il fonde, au début du 17e siècle, le Centre islamique de Pire, la première institution d’enseignement supérieur en Sénégambie, qui fut l’une des premières universités d’Afrique noire (l’Université de Sankoré à Tombouctou fut plus ancienne). Quelques années plus tard, il y fonde également une mosquée. Terre de foi, Pire était le laboratoire des princes héritiers et des érudits musulmans. Né au Fouta en 1555, Khaly Amar Fall dont le nom a été donné à une fondation et à l’auditorium de l’Université Cheikh Anta Diop, est décédé en 1638. Soit 83 ans de vie religieuse bien remplie. Son père, Pathé Kouly Fall, est originaire de la dynastie des «Fall» ayant régné sur le Cayor, tandis que sa mère, Djégui Bâ, est, elle, du Fouta.
Malgré son développement démographique, les rôniers sont toujours présents à Pire et sont même devenus une source de revenus pour les populations. L’économie locale dépend en partie de cette forêt de rôniers. Ses fondateurs ayant beaucoup œuvré pour le rayonnement de l’islam au Sénégal, cela s’est perpétué grâce à l’œuvre du vénéré Serigne Tafsir Abdou Cissé, discipline et compagnon de Seydi El Hadji Malick Sy, père de Serigne Amadou Cissé qui est le père du défunt khalife Serigne Moustapha Cissé. Tafsir Abdou Cissé, natif de Wanar, un village de Kaffrine (Centre), dans la zone du Saloum, s’est établi à Pire en 1902 et reçut l’autorisation de El Hadji Malick Sy d’y célébrer le Gamou.
Le patriarche de Pire fut rappelé à Dieu en 1961, à l’âge de 99 ans. A sa disparition, son fils El Hadji Amadou Cissé prit le relais pour continuer l’œuvre de son père. Il a été à son tour rappelé à Dieu en 1980. A présent, la mosquée et l’université représentent des symboles de l’unité des habitants de Pire et au-delà, de la Nation sénégalaise, avec l’incarnation de valeurs humaines aujourd’hui de plus en plus rares. Un patrimoine historique qui mérite d’être réhabilité.
Construite en 1611, la mythique Grande Mosquée de Pire qui, ainsi que sa célèbre université ont été des symboles du rayonnement de la cité sainte dans le domaine de l’enseignement du Coran et des sciences arabo-islamiques, est l’une des plus vieilles du Sénégal, voire de l’Afrique de l’Ouest. Cette grande mosquée, qui a été le lieu de prières d’éminents érudits de l’islam dans la Sénégambie, était, avec l’Université islamique de Pire créée vers 1690, un des centres de formation d’hommes de Dieu et de résistants de la lutte armée face aux colons.
Ces derniers qui, pour mettre fin à cette résistance qui commençait à les dépasser, s’étaient résolus à mettre le feu dans la bibliothèque universitaire islamique de Pire, foyer incandescent de l’islam au Sénégal. Comme pour confirmer le rôle central joué par Pire dans la formation d’hommes de Dieu au Sénégal, la famille Cissé d’évoquer le passage de grands érudits à l’université islamique et à la mosquée de Pire.
Parmi ceux-ci, Thierno Malick Sy du Boundou, Tafsir Makhtar Ndoumbé Diop, fondateur du village de Coki, Mame Marame Mbacké, Mame Mor Anta Sally Mbacké, Khalima Diakhaté Kala, Mabba Diakhou Bâ, ou encore Cheikhou Omar Toutiyou Tall, Alpha Mayoro Wellé, Thierno Seydou Tall, ainsi qu’une trentaine d’Almamys dont Thierno Souleymane Baal, Abdou Khadre Kane, Elimane Birane, Elimane Amady Gaye, Tafsir Boguène, Thierno Mole, Thierno Sada et Therno Dembo. Cet institut enseignait toutes les branches des sciences islamiques.